François-Joseph Gossec – 2e partie



Compte rendu de la conférence donnée le 19 décembre 2018 par Michèle Herlin


Aperçu circonstancié

1788 Gossec se retire à Gagny dans une maison achetée par un de ses neveux. À Paris, la pression monte.

1789 Convocation des Etats généraux (cahier de doléances). Assemblée générale – Serment du Jeu de Paume et célèbre phrase de Mirabeau : « Nous sommes ici. . . ». Renvoi de Necker – Prise de la Bastille, le 14 juillet – Forte émigration à partir du 20 juillet, (dont le fils de Gossec) à Londres.

Le Serment du jeu de Paume

Bernard Sarette

Le 28 juillet, un certain Bernard Sarrette veut qu’un hommage soit rendu à la Révolution : c’est un extrait de la Missa pro defunctis, dirigé par Gossec. Le 16 août, c’est la « Déclaration des Droits de l’homme ». L’abbé Grégoire proclame que c’est aussi la « Déclaration des devoirs ». Gossec compose aussi une symphonie militaire. À ce moment, le Prince de Conti émigre à Stockholm tandis que le roi et la famille royale reviennent aux Tuileries.

1790

Gossec, par Vestier

On décide de fêter la Prise de la Bastille. Gossec compose « l’Hymne à l’Être suprême ».

Pour la Fête de la Fédération, Gossec compose un Te Deum à trois voix d’hommes avec 300 instruments à vent (ce qui est une nouveauté), 30 serpents, des instruments en cuivre, etc. Talleyrand, en tant qu’évêque, célèbre la messe. Mme de Genlis dit gravement : « la musique de Gossec, c’est le silence de la tombe ».

Entretemps, « la Terreur » s’installe et s’amplifie, ce que Gossec n’apprécie guère. Gossec et Marie Joseph André Chénier travaillent tous deux à la préparation de fêtes mais Gossec, dans une relative discrétion. Vestier fait un portrait de Gossec.

Mirabeau

1791 Mort de Mirabeau, Gossec compose trois marches lugubres pour accompagner la dépouille jusque l’Église Sainte-Geneviève. Le 3 octobre, Gossec compose une nouvelle œuvre, un cantique pour les protestants.

1792 Gossec se consacre à la rédaction d’un Traité d’harmonie qui sera utilisé très longtemps, pratiquement jusqu’à nos jours. En avril 1792, Rouget de Lisle écrit les paroles de la Marseillaise, orchestrée par Berlioz et remaniée par Gossec.
Gossec était-il républicain ? Difficile à, trancher, voire impossible. Le plus important pour lui, c’est composer pour l’un ou pour l’autre. Il écrit l’Hymne à la Liberté. Gossec déteste la violence. On le voit s’affilier au Club royaliste de la Ste-Chapelle. C’était osé, mais il ne sera pas inquiété.
Il écrit une œuvre « Veillons au salut de l’Empire ». On lui reproche le mot Empire, mais il s’en sort encore bien.

À Paris, c’est l’insurrection et la Terreur. Beaucoup émigrent. Gossec se maintient car on lui pardonne beaucoup de choses : il innove en composant une marche militaire avec beaucoup de « vent » (trompettes, . . . ). Ensuite, il est envoyé en Belgique pour propager les idées de la Révolution. Certains conventionnels l’accompagnent un peu partout (Charleroi, Liège, Namur, etc. . . ). On lui reprochera de ne pas être venu à Vergnies. . . , mais à cette époque, la famille Gossec avait quitté le village !
De retour à Paris, il compose un ballet « Le Premier Navigateur » qui ne sera jamais joué.

1793 Le 21 janvier, le roi est exécuté et Michel Le Pelletier de St-Fargeau est assassiné. C’était un ancêtre de Jean d’Ormesson.
Peu après, Gossec compose une œuvre qui aura grand succès : « Le Triomphe de la République » appelée aussi le Camp de Grand Pré. Il y décrit la fraternité. À la fin figure une belle danse, « Le Rondeau ». Gossec invite tous les gens à (re)venir en France, le pays du bon vivre et de la danse « ensemble ».

Marat et Robespierre arrivent à Paris. Gossec retourne à Gagny et compose des œuvres. Le 8 novembre1793, il reçoit en cadeau, de la part du Comité de Salut Public, un bonnet phrygien. Sarrette et Gossec « défendent » l’église de Gagny qu’on veut transformer en Temple de la Raison (sort qu’on veut réserver à beaucoup d’autres églises).

1794 C’est la création du Conservatoire national de Paris par cinq personnes dont les trois premiers sont belges : Gossec, nommé directeur, Grétry, Méhul, Cherubini et
Lesueur. Il n’ouvrira qu’en août 95.

Guétry

Méhul

Cherubini

Lesueur

Au printemps 1794, c’est la Fête de l’Être Suprême. Gossec, juché sur une colonne, dirige 100 000 personnes.
En juin 1794, il compose une œuvre pour les armées (avec fifres et tambours) qui est encore jouée lors des Marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse.
Danton est guillotiné en avril 94 et Robespierre, le 26 juillet de la même année.

En novembre 1795, lors de la formation de l’Institut au Collège des quatre nations, Gossec est appelé comme membre de la section de musique. Dans les années suivantes, Gossec se retire pour pratiquer l’enseignement. On sollicite son avis sur toutes sortes de publications.

Période napoléonienne

Napoléon, consul à vie, fait jouer la musique de Gossec et notamment « Veillons au salut de l’Empire ». Napoléon, contrairement à ce qui a été dit, soutenait souvent Gossec,
membre à cette époque du prestigieux Institut Royal de Stockholm.
Gossec organise les Concerts du Conservatoire notamment pour mettre en valeur ses élèves. Le fameux Grand Prix de Rome décerne des prix d’excellence (1er, 2e, etc.) à la Villa Médicis.

Villa Médicis

Fête de l’Être suprème

En 1801, il perd malheureusement sa femme.

En 1802 Napoléon crée la « Légion d’honneur » destinée en principe aux militaires. Gossec sera un des premiers à devenir « Officier de la Légion d’honneur » avec une belle
pension en sus. Pour le remercier, Gossec donne un concert en son honneur.
Pour le mariage de Napoléon, les membres de l’Institut reçoivent un nouvel habit et seront en outre, présents au Sacre.
Gossec assiste à la première du Requiem de Mozart à St-Germain l’Auxerrois.
Entre autres, Gossec dirige une Messe des Morts à l’église Saint-Eustache, crée une symphonie en ut pour l’anniversaire de Napoléon.

En 1809, Gossec compose une symphonie à 17 parties qui est peut-être sa plus belle œuvre.
À la naissance du roi de Rome, Gossec organise un récital dans la salle de concert du Conservatoire de Paris.

En 1812, il retrouve l’abbé Roze et invente une méthode pour les « serpents », nouveaux instruments de musique.

En 1813, Gossec publie la Messe des Vivants, créée à Chantilly tandis qu’un de ses élèves, Panseron, reçoit le 1er Prix de Rome.
Après Waterloo, Louis XVIII, nouveau maître, maintiendra cependant le traitement de Gossec. Avec Roze, il compose une nouvelle méthode de plain-chant.

Au retour de Napoléon, tout change à nouveau ! Gossec reçoit un rapport à relire sur la harpe à double échappement de Erard.

Fin de vie

À 82 ans, Gossec est pensionné (3000 frs de rente), mais il continue à aller à l’Institut et à assister aux Grands Prix de Rome. Il s’installe à Passy, classe ses papiers et reçoit ses élèves.
Il meurt en 1829. Sa vie fut guidée par la question capitale de la survie et la création de son œuvre. Ses serviteurs sont ses légataires universels et s’empressent de tout vendre, n’y connaissant rien en musique. Il est enterré au Père Lachaise à côté de Grétry. Une
dalle en marbre a été fixée sur sa tombe, en 1979.

Lors de l’inauguration, Michèle Herlin eut l’honneur de prononcer un discours reconnaissant à l’enfant du pays. 

Dalle funéraire de Gossec, au Père Lachaise

 


Résumé rédigé par Léon Fassiaux

 

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