Les communes de l’entité de Chimay


  • Arrondissement de Thuin
  • 19 710 ha ; 9 941 habitants
  • Localités : Baileux, Bailièvre, Bourlers, Chimay, Forges, L’Escaillère, Lompret, Rièzes, Robechies, Saint-Remy, Salles, Vaulx, Villers-la-Tour, Virelles

BaileuxBailièvreBourlersChimayForgesL'EscaillèreLompretRièzesRobechiesSaint-RemySallesVaulxVillers-La-TourVirelles

Baileux 6464

  • Betulum – wallon bioleu : bois de bouleaux.
  • Baileusiens – les chiens.
  • Localité rurale, 4 km au sud-est de Chimay. Versant sud de la Calestienne. Altitude 261 (église). Habitat dense au centre s’étirant vers le massif boisé de la Thiérache Parc industriel.
  • Accès par RN 99 venant de Chimay ou de Couvin, par N 589 venant des Lacs de l’Eau d’Heure, ou de Rocroi. Ligne TEC 60/1 Chimay-Couvin
  • 2417 ha 1223 habitants

Historique

L’occupation ancienne du sol baileusien est prouvée par deux témoignages : la « Pierre qui tourne », monument néolithique et le « Trou aux fées », sorte d’abri où furent découverts des débris de silex et des poteries.

Possession du comté de Namur au 9e siècle, dépendance spirituelle du diocèse de Liège, Baileux, devenu propriété du Comte de Hainaut, fut donné par ce dernier à Gilles, seigneur de Chimay à la fin du 12e siècle en récompense de l’inféodation de territoires réalisée par Gilles au profit du comte de Hainaut. La loi de Liège y fut appliquée.

Sous l’Ancien Régime, le territoire de la paroisse était constitué de trois seigneuries. La principale, celle du Seigneur de Chimay, faisait partie des neuf villes du Sart de Chimay. Une autre seigneurie appartenait au chapitre de Sainte-Monégonde de Chimay. Enfin, le nord-est de Baileux correspondant au hameau actuel de Boutonville formait un village et une seigneurie indépendante avec mayeur et échevins particuliers, soumis à la loi de Prisches. Ce terroir possédait un fourneau, qui cessa son activité à la fin du 18e siècle et deux moulins, dont l’un était banal, celui de la Haye d’Escrit.

À la fin du 17e siècle, Boutonville devint la propriété du maître de forges, Nicolas-Joseph Jacquier. Son dernier seigneur fut Jean-Joseph Desmanet.

Du 16e au 19e siècle, l’activité sidérurgique fut considérable à Baileux. En effet, en 1606 on y dénombrait quatre forges : celles de Jean Petit, du Pré Brulard, du Pont Saint-Nicolas et de Nimelette à l’Escaillère, hameau de Baileux jusqu’en 1886. Les forges établies le long de l’Eau Noire donnèrent naissance à des hameaux.Au 19e siècle, la crise des céréales provoqua une transformation de l’agriculture : augmentation considérable des herbages. De nombreuses et belles fermes en pierre en témoignent.

Au 20e siècle, une scierie est installée à proximité de la forêt de la Thiérache. Un zoning industriel créé dans les années 1970-80, n’a cessé de se développer.

Au point de vue religieux, Baileux est une paroisse primaire très ancienne. Son église médiane est dédiée à Saint Martin et était sous l’Ancien Régime à la collation du chapitre de Rozoy-sur-Serre (France-Aisne). L’église actuelle a été construite entre 1738 et 1841 au départ d’une tour de façade du 16e siècle, remaniée en 1736.

À voir :

  • Église Saint-Martin (1841). Édifice néoclassique construit en calcaire régional. Portail à quatre colonnes toscanes et fronton. Base octogonale de croix funéraire en pierre (18e siècle).
  • Au centre du village, superbe ensemble architectural de maisons-fermes en long en calcaire, portant souvent un millésime et très belle pompe monumentale en pierre (18e siècle).
  • Entre Baileux et Rièzes, le long de la R 589, splendide vallée de l’Eau Noire. Circuit pédestre balisé.
  • À la limite entre Baileux et Presgaux, anciennes bornes des principautés de Liège et de Chimay.
  • Hameau de Boutonville
  • Église Notre-Dame de l’époque romane (petite fenêtre) modifiée au 16e siècle (porte et chœur gothiques). L’ensemble église-cimetière est classé. La restauration de 1973 a remis en valeur le plafond en bois du chœur ainsi que le maître-autel et son retable en chêne.
  • Ancien moulin del Haye (18e siècle) dans la rue du moulin.
  • La pierre qui tourne, monolithe en poudingue pisaire, en tronc de cône, sur un plateau élevé entre Gonrieux et Baileux. Pierre de sacrifice ?

Événement :

  • Ducasse en fin juillet

Bailièvre 6460

  • Baileporis (bail et helpe) → le bois d’Helpe ?
  • Belléporins
  • Joli petit village frontalier à 7 km au nord de Chimay perché sur un promontoire dominant la vallée de l’Helpe, sur le versant nord de la Calestienne, jouxtant le massif boisé de la Fagne – Altitude 217 (église).
  • Accès par routes communales venant de Salles ou de Robechies. Ligne TEC 156 A.
  • 675 ha 234 habitants.

Historique

Bailièvre est mentionné en 888 dans la fameuse charte d’Erlebold comme un bien cédé par ce dernier au monastère carolingien de Salles. Ce vicus, situé dans la mouvance temporelle des comtes de Hainaut, relevait du diocèse de Cambrai. Par la suite, il fut vraisemblablement détenu en copropriété par les seigneurs de Chimay et le chapitre canonial de Sainte Monégonde. Bailièvre dépendait de la paroisse de Salles, une chapelle y est mentionnée en 1182. Village de frontière, cette terre fut souvent ravagée, notamment en 1340, 1550 et 1640, l’habitant pouvant juste se réfugier dans une petite tour carrée au croisement des routes de Macon et Montbliart.

Au début du 16e siècle, un certain Charles de Gozée possédait un fourneau et une forge. Ces établissements passèrent successivement à Georges de Crohin, aux frères Petit, à Gautier Poschet de Chimay, à Jean Lobet et Michel du Moustier. Martin Poschet et son fils exploitèrent ensuite le fourneau jusqu’en 1639, la forge avait disparu.

De 1640 à 1685, le fourneau fut repris par Nicolas de Colnet, seigneur de Rocq. Très fortuné, il fit construire un petit château fort avec deux tours, disparu aujourd’hui. À côté de modestes industries (par ex. une potasserie), une carrière de marbre rouge fonctionna du 17e au 19e siècle. Un moulin à vent fut également érigé sur les hauteurs du plateau de Salles (aujourd’hui totalement disparu).

Mais, les activités principales des Belléporins furent l’exploitation forestière et l’agriculture. Pour remplacer une chapelle primitive aménagée en 1600 qui évitait aux villageois le déplacement fatigant jusque Salles, une église fut construite en 1756. Un nouvel édifice remplaça l’église incendiée, en 1894. L’exode rural décima la population de Bailièvre au cours des 19e et 20e siècles.

À voir :

  • Église paroissiale Saint-Joseph (1894), sanctuaire néoroman en moellons réglés et pierres de taille calcaire. Tour de façade coiffée d’une flèche pyramidale ardoisée. Autel en chêne de style Louis XVI provenant de l’ancienne abbaye de Liessies.
  • Deux arbres remarquables : le tilleul du Moulin à vent (environ 450 ans) sur les hauteurs le long de la route qui mène à Salles et le « tilleul des fermes » ( 700 ans – déjà mentionné au 16e siècle) au nord de l’église.
  • Vue panoramique du village des hauteurs de la route de Salles.
  • Flore spécifique : cornouillers mâles, achillée, érythrée…

Événement :

  • Ducasse le dernier dimanche de juillet.

Bourlers 6464

— Burler : broussailles ou Borleir : terrain marécageux et boisé.

— Bourlésiens – les chats

— Village situé à 3 km au sud est de Chimay. Sur le versant sud de la Calestienne. Altitude 246 (église). Habitat serré au centre et s’étirant au sud vers le plateau boisé de la Thiérache. (altitude 300) où l’Oise et la Wartoise prennent leur source.

— Accès par route communale venant de Chimay – ligne TEC 59. • 1 943 ha 745 habitants.

Historique

Le village de Bourlers est une ville neuve, c-à-d un nouveau domaine défriché et voué à la colonisation. C’est Gilles, seigneur de Chimay, qui entre 1166 et 1169, fut à l’origine de sa création, en cédant une portion de la forêt de la Thiérache à l’abbaye de Saint-Michel.

L’accord conclu en 1224 entre le seigneur Roger de Chimay et l’abbaye mit fin à plusieurs années de différends. Le seigneur gardait 4/5 de la forêt, le reste devenant la propriété perpétuelle des moines, qui, possesseurs du fonds, reconnurent Roger comme avoué pour tout le territoire. Les Bénédictins, avec l’aide d’hommes libres procédèrent aux premiers défrichements, établirent un prieuré rural (une exploitation agricole, la « cour » de Bourlers) qui contribuera à la formation puis à l’extension de la ville neuve. Elle bénéficiait de la loi de Liège. L’établissement agricole devint rapidement une métairie et les habitants du terroir acquirent assez tôt le statut de bourgeois formant une communauté administrée par un mayeur et des échevins.

Par défaut d’institutions juridiques, la terre de Bourlers ne constituera jamais une véritable seigneurie. De rares comptes communaux (1635 à 1710) provenant des archives de l’État à Mons mettent en évidence l’astreinte des bourgeois aux taxes de diverses natures au profit des religieux de Saint-Michel et à celui des seigneurs de Chimay. Ces documents prouvent aussi les misères et souffrances résultant des guerres des 16e et 17e siècles. Jusqu’à la 2e moitié du 19e siècle, la principale activité économique des habitants fut l’exploitation agricole et forestière. Lors de la fameuse question des bois vers 1850, Bourlers fut la première commune à engager un procès contre le Prince de Chimay.

Bourlers fut au 19e siècle un village de sabotiers (82, en 1896). La poterie fut florissante au cours du 19e siècle, mais céda vers 1870 sa place à la céramique et aux produits réfractaires. Citons les usines Dandenelle, anciennement Martin, et les usines Maufroid (carrelages céramiques – 200 ouvriers en 1904). Le développement de ces usines a conditionné l’accroissement démographique de la localité et a fait de Bourlers, au 20e siècle, une commune prospère pouvant fonctionner en parfaite autarcie.

Sur le plan religieux, l’église de Bourlers dédiée à Saint Michel, fut une annexe de la paroisse de Baileux jusqu’en 1803. En 1876, l’église ravagée par un ouragan est remplacée par l’édifice actuel en style néogothique. 

À voir : 

  • Église paroissiale Saint-Michel. Édifice néogothique en briques et pierre calcaire 1779. Fonts baptismaux en pierre bleue (18e siècle) – Bénitier octogonal de la même époque.
  • Rue Saint-Michel. Tilleul (1876) et ancien prieuré de l’abbaye de Saint-Michel en Thiérache (France), actuellement, magasin d’alimentation.
  • À la rue des Usines, cheminée de l’ancienne usine de produits de céramique.
  • Dans les bois communaux, belles promenades pédestres avec circuits balisés.
  • À 5 km dans la direction de Rièzes, source de l’Oise matérialisée par une fontaine circulaire (érigée en 1962) en schiste ardoisier de l’Escaillère et décorée des armes des villes traversées par l’Oise qui se jette dans la Seine à Conflans-Sainte-Honorine, ville jumelée à Chimay.

Événements :

  • Brocante annuelle fin juin
  • Ducasse début septembre

Chimay


Le volet concernant Chimay est susceptible de subir de légères modifications très prochainement. Merci d’en tenir compte !


  • Cimai et Simai (ca 1050-1065) ; de Cimaco (1070) ; de Cimaio (1200)
  • Chimaciens. Chitards.
  • 4 473 ha. ; 3 552 habitants.
  • Ville située dans la bande calcaire orientée d’est en ouest, entre les massifs boisés de Fagne et Thiérache bordant la vallée de l’Eau Blanche, de l’Eau Noire et du Viroin. Altitude 239 m au seuil de l’hôtel de ville. Tissu intra-urbain elliptique enroulé sur un axe est-ouest borné au nord par l’Eau Blanche et au sud par le tracé des remparts disparus ; limité à l’ouest par le château et à l’est par l’église collégiale. Faubourgs épars à courte distance. Population de commerçants et enseignants.
  • Principaux axes routiers : route Chimay-Beaumont (ligne TEC 109 A) ; route Chimay-Couvin (ligne TEC 60/1).

Historique

Avant tout, une constante : Chimay est un point de passage obligé sur la bande calcaire évoquée ci-avant. Or, ce couloir s’est toujours révélé aussi propice aux invasions qu’aux échanges commerciaux. Cette dangereuse situation géopolitique, près d’une frontière de 843, entre France et Empire germanique souvent en conflit, lui vaudra au cours des siècles bien des déboires.

On ne sait rien d’une agglomération proprement « chimacienne » avant l’époque post-carolingienne. L’existence d’une dorsale routière peut-être préromaine, axée sur la Calestienne, présume d’un peuplement précoce dans cette zone naturellement favorable à l’habitat. Poteries, tuiles et tessons attestent une occupation sédentarisée ancienne. On sait aujourd’hui qu’un agrégat d’occupants devait séjourner à proximité du site castral dès les 10e-11e siècles. Les récentes découvertes archéologiques sur son éperon barré – une résidence seigneuriale accostée de deux églises collégiales romanes successives – montrent que la conjugaison d’un pouvoir laïque fort et d’une présence religieuse influente furent bien à l’origine de l’embryon préurbain. Souvent nourrie ou perturbée par de communs intérêts, cette étroite connivence entre temporel et spirituel restera perceptible à Chimay durant tout l’Ancien Régime. Au 12e siècle et sur ces mêmes bases, à partir de leur « turris» de Chimay, les successeurs des premiers seigneurs mettront en œuvre un programme d’hégémonie économique autant que politique. L’entreprise les contraindra bientôt à octroyer des privilèges à une main d’œuvre indispensable. En 1147, il est déjà fait mention de « bourgeois » locaux. Le fait suppose l’existence d’une « charte-loi » protégeant ceux-ci de l’arbitraire et des exactions. Dès avant 1200, l’homogénéité de la future terre de Chimay est réalisée à l’ouest de la petite cité. Le 13e siècle sera marqué par une nette croissance de la population. Une nouvelle église collégiale est bâtie. Conservant sa tonalité rurale, Chimay se transforme en une ville naine à vocation laborieuse. L’expansion agraire est manifeste : culture de céréales et textiles (épeautre, avoine, lin, chanvre), élevage diversifié et exploitation forestière par défrichement. On assiste au lent début d’une métallurgie plus moderne que celle déjà pratiquée dans la région à l’époque romaine. L’industrie textile est en plein développement : les drapiers chimaciens vendent leurs produits aux foires de Champagne et jusqu’à Paris, à celle du Lendit.

En 1258, en concertation avec Jean II de Soissons alors seigneur du lieu, les manants obtiennent une charte définissant un nouveau mode de désignation des échevins. Le mécanisme concède aux bourgeois une plus grande influence dans cette élection. Sans doute achetée, cette importante concession est un symptôme évident de l’émergence d’une classe sociale compétitive. Au 14e siècle, la prospérité économique se confirme. Le commerce est favorisé par le « droit d’étape » dont jouit la bourgade dès 1309. Les crus de Bourgogne et les vins champenois transitent par la ville. Droits sur les marchés, monopoles de vente d’étoffes et taxes à l’importation assurent une croissante aisance à la population. Pour protéger la ville et ses biens, une enceinte urbaine est érigée. Peut-être antérieure au 14e siècle, son existence est attestée en 1340 par Jehan Froissart. Elle protégera bien la ville en ce début de la guerre de Cent ans, alors que toute la région avoisinante sera mise à sac par les Français en représailles des incursions du sire de Chimay, allié des Anglais. Pour preuve de ses capacités financières, la petite cité drapière est au nombre des « bonnes villes » du Hainaut dès 1365.

Le 15e siècle mettra d’abord en péril l’intégrité de la terre chimacienne qui ne sera réunifiée qu’en 1437-1445 par Jean II de Croÿ. Pour la première fois, la ville et ses dépendances sont sous la férule d’un seigneur vassal prioritaire du Saint Empire dont elles font parties intégrantes. La puissance et le prestige du premier de cette nouvelle lignée vaudront à Chimay renom considérable et meilleure protection. En 1449, le « Saint Suaire » y est exposé. Une brouille passagère entre les ducs de Bourgogne et les Croÿ mettra la terre sous séquestre de 1465 à 1 469. En 1473, après leur réhabilitation, Chimay et ses possessions sont érigées en comté. Quatre ans plus tard, Louis XI s’en prend aux terres bourguignonnes. Son artillerie foudroie Avesnes. Chimay semble comprendre la désuétude de ses murs moyenâgeux et ouvre ses portes. En 1486, après retour de la terre à l’Empire, Maximilien, roi des Romains l’érige en principauté au bénéfice de Charles Ier, petit-fils de Jean II.

Le 16e siècle commence sous les meilleurs auspices. L’industrie du fer progresse de telle sorte qu’en 1509, le prince doit en réglementer le fonctionnement. En 1517, la ville est autorisée à tenir une foire franche. Philippe II de Croÿ intervient à son tour en 1530, 1531 et 1535 pour mettre de l’ordre dans la gestion des forêts, aliment essentiel de la sidérurgie. En 1549, Charles Quint et son fils sont reçus au château. Alors que tout va pour le mieux, la guerre franco-autrichienne amène les canons du roi Henri II devant Chimay. Mais on a vite oublié la leçon de 1477 : la ville résiste. Prise et brûlée en 1552, elle se relève bientôt pour connaître un autre épisode difficile en 1578, quand Don Juan l’assiège et l’enlève.

En 1582, le jeune prince Charles III de Croÿ, gagné aux idées de la Réforme, manque de livrer la principauté aux Confédérés. Mêlée au conflit franco-espagnol, Chimay est investie sans succès en 1595, mais tous ses villages sont ruinés. Quand le traité de Vervins met fin à la guerre en 1598, beaucoup de forges sont abandonnées.

Le 17e siècle va les voir renaître. En 1600, on compte seize fourneaux et vingt-deux forges. Durant sa trop courte présence, Charles III encourage l’embellissement de la ville. Cependant, un grave différend opposera bientôt les intérêts de ses successeurs et ceux des industriels du fer et des habitants : en cause, la propriété et l’exploitation des ressources forestières. En 1626, le « procès des bois » s’achève sur un arrangement provisoire qui ne satisfait personne. Mécontents des limitations imposées à leur consommation, de nombreux maîtres de forges émigrent à l’étranger. L’économie locale périclite, la population décroît, la région s’appauvrit. Dès 1635, la guerre de Trente Ans oppose directement la France à l’Empire. Chimay s’obstine à résister à l’artillerie derrière ses murailles obsolètes. Trois sièges « blitz » en 1637, 1638 et 1640 et leurs désastreuses conséquences vont consommer la ruine du chef-lieu et de sa région. Leur relèvement ne débutera qu’après le traité des Pyrénées de 1659. En 1684, la trêve de Ratisbonne octroie Chimay à la France qui s’approprie ainsi la gênante enclave que constitue la botte Chimay – Beaumont. Son retour à la prospérité est ralenti par de nombreuses impositions et réquisitions. Lors du traité de Rijswijk de 1697, Chimay fait retour à l’Espagne. Le 17e siècle, dit « de malheur » aura bien mérité son nom. Seul fait réconfortant, l’activité sidérurgique a repris entre 1689 et 1697.

Presque tout le 18e siècle, vécu sous la dépendance des Pays-Bas autrichiens, sera en total contraste avec le précédent. Un net redressement économique se confirme dès son début. Des industries nouvelles apparaissent ou sont relancées. La ville se reconstruit. En 1745, un funeste intermède annexe Chimay à la France lors de la guerre de succession d’Autriche. La ville lui sera rendue en 1748, affaiblie par les exactions. Mais l’heureux cours des choses va bientôt reprendre. En 1749, un règlement d’hygiène suit l’aménagement d’un lavoir et d’une trop éphémère canalisation d’eau de source à usage public. Enfin considérées inutiles, les murailles fournissent les pierres à bâtir ; tours et fossés sont loués aux particuliers. Jusqu’à cette époque, ville et région avaient souffert d’un isolement quasi total par défaut de chemins praticables. En 1765, la chaussée Mons-Rance est prolongée. Elle atteint Chimay qu’elle ouvre aux échanges avec l’extérieur. Le Magistrat communal veille à l’alphabétisation. Entre 1763 et 1784, la population de la ville passe de 1306 à 2077 unités. Le canton en compte 8939. Tout va donc bien jusqu’à ce que Joseph II mécontente par sa volonté de réformes, justifiées mais brutales et maladroites. Entre autres griefs, les ecclésiastiques et bourgeois chimaciens réagissent avec violence contre sa volonté de soumettre l’Église à l’Etat. Moins concernée, la population des villages se désintéresse de cette fronde qui prend tournure de révolte. Elle reste fidèle au pouvoir autrichien. Par contre, en ville deux factions s’affrontent. Les « patriotes » opposés au Régime, et les « royalistes ». En 1789, les Etats du Hainaut proclament la déchéance de Joseph II. Éclate alors l’insurrection. Au grand dam des « patriotes » la restauration impériale de 1791 ramènera un calme tout provisoire. En effet, les révolutionnaires français sont à nos portes. Dès 1792, pillages et réquisitions exaspèrent les gens du pays. Aussi les Chimaciens reprennent-ils en vain les armes en 1794. Sous la Convention, ils assistent désolés à la laïcisation générale. Fête essentiellement religieuse, la ducasse devient « Fête de l’agriculture et celle du quartier de la Bouchère est transformée en « Fête de la République ». Les rigueurs de l’hiver 1794-1795 engendrent la famine. Bientôt, le Directoire (1795-1799) impose la vente aux enchères des biens nationaux. Couvent et collège des Récollets sont adroitement acquis par des résidants ; l’église collégiale sert de magasin à fourrage et d’écurie. En 1797, le chapitre des chanoines est aboli et les persécutions religieuses s’intensifient. Sous le Consulat et l’Empire, de 1799 à 1815, Chimay est gérée par un Conseil municipal aux pouvoirs très diminués. Entre autres amputations, l’importante administration des bois passe sous tutelle d’un Préfet. Le Concordat de 1801-1802 voit enfin le retour des émigrés et des prêtres. On assiste peu à peu au réveil économique de la région. Les forges se rallument. Les forêts redeviennent rentables. Les mesures radicales mais souvent efficaces de l’Empire français portent leurs fruits.

Plus pour bien longtemps. Après la déroute napoléonienne, le second Traité de Paris de 1815 prive la France du canton de Chimay. Il est alors détaché du département des Ardennes et octroyé à la Hollande, puis en 1816 inclus dans l’arrondissement de Charleroi, au sein de la province de Hainaut. Malgré une limitation des libertés communales, Chimay accueillera assez bien les débuts de cette nouvelle domination. Le Conseil de Régence améliore la qualité de l’instruction publique, rétablit l’équilibre financier, publie un utile règlement de police et procède à l’exécution d’importants travaux publics. Au demeurant, le commerce extérieur souffre encore du mauvais état et de la rareté des voies d’accès. Quoique l’exploitation forestière soit bien gérée, son produit ne suffit pas aux besoins des « usines ». De plus, la grande industrie prônée par Guillaume Ier tue les petits établissements éloignés des centres houillers. La vieille sidérurgie chimacienne est en voie d’extinction. Par ailleurs, la taxe sur la mouture renchérit le prix du pain et la discrimination du pouvoir hollandais à l’égard des Belges est de moins en moins tolérée. Face aux premiers événements insurrectionnels de 1830, les responsables communaux de Chimay restent sur une prudente réserve. L’attitude évidemment réticente de leur prince, alors chambellan du roi Guillaume de Hollande, n’est pas étrangère à ces hésitations.

En fin de compte, à part quelques moments de nervosité, la Révolution ne perturbe guère Chimay. Peu après, de gros efforts sont consentis pour valoriser les ressources locales. Joseph de Riquet dit « le Grand Prince » sera le plus important promoteur de ces réalisations. Entre 1836 et 1866, plus de quatre-vingts kilomètres de routes sont aménagées. Des trappistes s’installent en 1850. Ils fonderont l’abbaye de Scourmont dont la prospérité est bien connue. Chimay n’est plus tout-à-fait un écart. Impulsion est donnée à quantité d’activités commerciales à la faveur d’une ligne de chemin de fer créée en 1857 et ensuite connectée à un plus large réseau. La forêt de Fagne est mise en exploitation en 1860. Celle de Thiérache est colonisée. L’éclairage public au gaz fonctionne en 1870 et la distribution d’eau en 1872. En 1873, abattoir et marché couvert sont achevés. Depuis 1843, la localité dispose d’un nouvel hospice. Des monuments sont bâtis en ville. Le tissu routier y est amélioré et l’environnement assaini. Le réseau d’enseignement se diversifie. Seule ombre au tableau, un différend portant sur la propriété des bois oppose le prince et la commune en 1840. Procès, jugements et appels successifs conduisent à un arrêt de partage définitif en 1892. Si l’on excepte de stériles querelles politiques et deux graves incendies survenus en 1888 et 1891, le 19e siècle s’achève sur une note toute positive.

Le 20e commencera sur le même mode jusqu’en 1914. Le conflit avec l’Allemagne débutera par un exode massif des chimaciens. Mises à part quelques bombes, les strictes restrictions alimentaires et la douloureuse déportation de civils, la population restera préservée des épisodes militaires les plus tragiques. Vient l’entre-deux guerres. En 1921, on construit l’imposant bâtiment des écoles communales. Après la crise économique de 1929, la ville réanime son négoce. Foires et marchés bien achalandés s’y ajoutent. Le Grand Prix des Frontières, épreuve automobile de renom et d’excellent impact commercial voit le jour en 1926. Une intercommunale d’électricité régule la distribution d’énergie. La ville s’étend « extra muros. » En 1935, le feu détruit presque tout le château. Pôle d’attraction majeur pour Chimay, il renaîtra de ses cendres un an plus tard. C’est aussi l’époque d’une prise de conscience. Celle d’un tourisme indispensable. L’association des commerçants et quelques personnes bien inspirées entament une campagne d’information sur les charmes de la ville et de sa proche région. Ce lent et bénéfique renouveau est interrompu en 1940 par la seconde guerre mondiale. À quelques nuances près, tels l’évacuation forcée du vingt-huit mai au quatre juillet de la même année et ses dommages collatéraux, l’occupation reproduira ce qui a été vécu entre 1914 et 1918. Relativement peu de dégâts matériels, quelques victimes, un grave appauvrissement et les douloureuses représailles d’un occupant exaspéré par la Résistance, bien présente dans un environnement propice à la clandestinité.

Après la Libération de septembre 1944, Chimay retrouvera son train-train habituel mais perdra son chemin de fer peu après 1960. L’automobile s’y est substituée. Les conséquences économiques seront considérables. Sans industrie, dans une clairière qui survit – non sans peine – par la seule bouffée d’air offerte au citadin, les visites « éclair » remplacent alors les plus longs séjours qu’imposait la lenteur du rail. Les hôtels disparaissent. Les vacances prennent le chemin de l’étranger. Le paradoxe est difficile à contourner : pour attirer de nombreux visiteurs en son centre et les y maintenir quelques jours, Chimay doit jouer sur la permanence de l’attractivité, mais elle est contraire à sa nature paisible. Reste le pôle d’intérêt historique et monumental permanent qu’il convient de mettre en valeur. Les pouvoirs s’y emploient en ordre dispersé. La faveur des perspectives du 21e siècle est cependant au prix de ce subtil équilibre entre hier et aujourd’hui, car Chimay n’aura jamais rien à offrir que sa tranquille ruralité teinte d’un riche passé aux traces évanescentes.

À Voir :

  • Vieille tour Rue de Noailles N°2 — Seul reste aérien encore homogène de l’ancienne enceinte urbaine. Construction trapue en moellons sur plan circulaire. Hauteur douze mètres, diamètre dix. Occupant une position angulaire dans le tracé des murailles, elle est sans doute contemporaine de la première ceinture fortifiée (12e ou 13e siècle). Privée de son utilité défensive à la fin du 17siècle, la tour est alors réaffectée au logement de particuliers. Le syndicat d’initiative de la ville y est aujourd’hui installé. La vieille tour fut classée le 11 juin 1969.
  • Hôtel « Savary de Cérisy » Rue Rogier N°5 — Vaste et beau bâtiment à deux niveaux, en briques et pierres de taille avec façade de cinq travées donnant sur une cour. Demeure du maître de forges de ce nom au 18e siècle, elle est de nos jours occupée par le bureau des Postes.
  • Place du chapitre — Espace « de caractère » au périmètre ponctué de belles maisons capitulaires du 18e siècle. Chevet plat de la Collégiale ouvert de trois lancettes à tiers-point et montants communs, surmontées d’une rosace.
  • Église collégiale Saints-Pierre-et-Paul — Sur la grand-place. Bel édifice en pierre calcaire avec porche du 17e siècle composé d’un chœur gothique laonnois (13e siècle), propre aux chanoines du chapitre local jusqu’en 1797 et d’un vaisseau à trois nefs de style gothique picard hennuyer tardif (15e siècle), alors paroissial. Ensemble sans transept et sous bâtière unique du type « église halle ». Classée le 29 mai 1952. Parmi d’autres, s’y trouvent mobilier et objets remarquables suivants :
    • Mosaïque byzantine (première moitié du 14e siècle) : image du Christ Pantokrator enseignant. Icône faite de tesselles ajustées sur panneau de bois par amalgame adhésif. Subjectile entouré d’un cadre d’argent (entre 1475 et 1482)
    • Coffret (entre 1475 et 1482) : Argent massif au couvercle armorié, écrin de la mosaïque ciavant. Remarque : Icône et coffret sont visibles seulement lors d’expositions du trésor de la Collégiale.
    • Croix triomphale (milieu du 16e siècle) : bois sculpté et polychrome de style gothique.
    • Cénotaphe de Charles Ier de Croÿ, premier prince de Chimay (début du 16e siècle) : gisant en albâtre. sur mausolée en marbre noir.
    • Sculpture votive (15e siècle) : haut relief en pierre bleue.
    • Stalles capitulaires (1702) : double rangée à panneaux en chêne sculpté et sièges de style Louis XIV.
    • Tableau (début du 17e siècle) : peinture de Notre Dame du Rosaire (peut-être école breughelienne).
    • Confessionnal (1631) : chêne sculpté de style Renaissance, daté sur consoles d’entablement.
    • Conques-bénitiers géantes (1860).
    • Pierre commémorative de Jehan Froissart (19e siècle).
    • Fonts baptismaux (fin du 15e – début du 16e siècle) : cuve octogonale en pierre bleue calcaire sur pédicule mouluré. Ecu aux bâtons écotés de Bourgogne.
    • Dalles funéraires (du 16e au 18e siècle) : sculptures naïves souvent mutilées, cependant parfois lisibles.
  • Fontaine dite « des princes » — Sur la grand-place. Monument de la famille princière Riquet de Caraman Chimay. Pierre bleue du pays. Style néo-gothique. Trois étages dégressifs sur plan carré et surmontés d’une flèche (1846-1847). Grille circulaire posée en 1872.
  • Hôtel de ville — Sur la grand-place. Façade (1724). Style classique montois. Habille un bâtiment à deux niveaux en pierre calcaire (1871) de style ostentatoire pastichant les formes du 18e siècle.
  • Porte triomphale — À l’entrée de la rue du château. Portail néo-gothique (1838). Pierre de taille calcaire. Trois entrées en plein cintre sous frise d’arceaux, couronnement récupéré du 17e siècle. Volutes doubles et amortissement triangulaire sommé d’une sphère.
  • Château — À l’extrémité ouest de la rue du même nom. Dernier avatar à ce jour des demeures seigneuriales successives depuis le 12e siècle. De style néo-gothique au 19e siècle. il est incendié en 1935 et reconstruit en 1936 à la mode Renaissance « Henry IV », inspirée du palais-forteresse de Charles III de Croÿ (1607). Petit théâtre construit en 1863 et classé le 24 décembre 1958. Autres classements en cours ou envisagés.
  • Chapelle de Zychem (Montaigü), dite « de la saillie » — En contrebas du Neuf Pont, en bordure de l’Eau Blanche. Petit sanctuaire désaffecté bâti sur plan rectangulaire. Chevet à deux pans. Millésime 1607 par jeu de briques sur la face arrière.
  • Moulin dit « des chanoines », lavoir et fontaine — À l’extrémité est de la rue de la Basse Ville. Jadis mû par un bief de la rivière, ancien moulin à grain. Fort bâtiment de pierres et briques sous toiture à coyaux du 16e siècle. Lavoir public : hors les murs et à tous vents au 17e siècle ; rebâti sous toiture en 1736 puis refait en 1825 et restauré au 20e siècle. Construction basse ouverte à l’ouest. Charpente de chêne et dalles de pierre bleue. Fontaine : grand bac rectangulaire enserré dans une construction de 1827 avec portique à trois arcades en plein cintre sur piliers carrés.
  • Statue de Jehan Froissart — Sur le « Faubourg ». Elevé plus à l’ouest de la place et récemment transféré à l’opposé, imposant monument en pierre de France sur socle angulaire élevé en 1846 et inauguré en 1850 à la mémoire du célèbre poète, clerc et chroniqueur du 14e siècle. En 1383, chapelain-secrétaire de Gui de Blois seigneur de Chimay, il devient chanoine-trésorier du chapitre local. Probablement décédé vers 1410, il est peut-être inhumé dans la Collégiale.
  • Maison de maître de forge — Au N° 2 de la rue de Forges. Derrière une cour précédée d’un mur de clôture, importante maison classique en briques et calcaire de la deuxième moitié du 18e siècle alors occupée par la famille Polchet. Sur soubassement en pierre, façade à deux niveaux de six travées de fenêtres. Porte à imposte. Lucarne à croupe. Haute bâtière d’ardoises sur corniche profilée en briques. Demeure classée le 26 novembre 1973.
  • Chapelle Notre Dame de Miséricorde — À l’extrémité sud du boulevard Louise. Construction comprenant une petite nef en pierre de taille calcaire et une abside à trois pans aveugles, le tout sur soubassement saillant. Porte en plein cintre et porche classique du 18e siècle. Corniche en pierre sous toiture d’ardoises à coyau. Petit clocheton avec croix de fer forgé. Chapelle érigée en 1700 aux frais d’un ecclésiastique local. Classée le 16 octobre 1975.

Evénements

  • Fête de la musique (chaque année, le premier jour de l’été) ;
  • fête de la principauté (le dernier week-end de juin) ;
  • commémorations historiques et rendez-vous automobiles sportifs du Grand prix des Frontières (dates variables) ;
  • ducasse de la ville (chaque année, le week-end le plus proche du 2 juillet) ;
  • tirs traditionnels à l’arc et à l’arbalète (le lundi de la ducasse).

Gastronomie

  • Bières et Fromages « trappistes » de Chimay ;
  • Bernardins, charcuteries artisanales ;
  • chocolats « Monjezi » ;
  • côtelettes chimaciennes ;
  • escavêche ;
  • gâteau chimacien ;
  • œufs à la « Chimay ».

Forges 6464

  • forge
  • Forgerons – Les Glorieux…
  • Village pittoresque et vallonné à 3 km au sud de Chimay sur le versant sud de la Calestienne. Accroché aux flancs du ruisseau de l’Hermitage. Altitude 272 (église) – 328 (à la Trappe). Chapelet d’étangs poissonneux. Habitat dispersé en agglomérats divers : centre, Bas-Village, Poterie, les Sarts, etc.
  • Accès par routes communales venant de Chimay, Seloignes, Bourlers – Ligne TEC 59.
  • 1507 ha 1142 habitants.

Historique

Forges doit évidemment son nom à l’ancienneté de l’activité sidérurgique sur son territoire. Le minerai de fer y fut exploité dès l’époque romaine. La toponymie (crasses, crayats ) et l’amas de scories de fer qui subsistent dans le bois communal en attestent.

D’autre part, des fouilles ayant mis à jour une nécropole franque témoignent de l’occupation du terroir à cette époque. Des documents authentiques indiquent que le village était organisé en communauté régulière dès la fin du 13e siècle. Le nom de Forges apparaît sur un parchemin au 14e siècle, associé au vocable énigmatique Spos (Spolt, Repolz) jusqu’au 17e siècle. Il semble bien qu’il existait deux agglomérations distinctes, ensuite réunies. L’ensemble des deux territoires était sous la juridiction des seigneurs de Chimay.

Au 16e siècle, à la seconde moitié du 18e siècle, deux forges prospérèrent au Bas-Village : celles de Bardonpret et du Mouligneau citées en 1571. Elles furent la propriété de la famille Polchet qui tenait aussi à cette époque un important château-ferme flanqué de deux tours, bâti en 1577. L’important complexe aujourd’hui dénaturé fut appelé abusivement ferme des Templiers ; il est situé sur la route qui va de Forges à Chimay. Un grand moulin en pierre fonctionna également le long du ruisseau de l’Ermitage du 17e siècle. à la fin du 19e siècle.

La poterie fut aussi florissante à Forges et généra de nombreuses fabriques. Citons l’importante usine de produits réfractaires créée par V. Poulet qui cessa ses activités au milieu du 20e siècle, lequel vit naître aussi une scierie et une laiterie. Ces diverses exploitations firent du village de Forges un des bourgs les plus peuplés du pays de Chimay. C’est aussi de Forges et plus particulièrement de son abbaye fondée en 1850 (cf. rubrique à voir) que débutera une importante colonisation agricole qui fit des émules.

Nous citerons ainsi la Société Lamarcheville, qui opéra des défrichements dans la forêt de la Thiérache. Ceux-ci donnèrent naissance à de grandes exploitations (fermes en quadrilatère).

Sur le plan religieux, l’église de Forges était une succursale de l’église-mère de Saint-Remy, puis une vicairie de la paroisse de Chimay. Le village ne devint paroisse qu’en 1803. L’église actuelle édifiée en 1810 (la tour en 1828) pour remplacer la chapelle primitive de « Repos » est dédiée à saint Georges.

À voir :

  • Église paroissiale Saint-Georges édifiée en 1810. Tour érigée en 1828 précédant le sanctuaire. Mobilier du 19e siècle. Dalles funéraires devant le chœur.
  • Belles maisons rurales en grès local ocre.
  • Au Bas-village, Ferme des Forges, dite des Templiers, ancienne propriété des Polchet, maîtres de forges (1577). Aménagement moderne en gîtes ruraux.
  • Vue panoramique du village depuis la rue de Vertillon.
  • Abbaye Notre-Dame de Scourmont. Visite libre des bâtiments extérieurs, du cimetière, des jardins et de l’église. Abbaye cistercienne fondée en 1850 sur des terres concédées par le prince Joseph Ier de Riquet, surnommé le Grand Prince. Les moines développèrent différentes activités : exploitation agricole, brasserie, fromagerie. Lieu de recueillement, de rencontre, de prière, l’abbaye accueille dans son hôtellerie les personnes désireuses de partager cette vie monastique. Nombreuses chapelles votives dont la chapelle des quatre chemins dédiée à Notre-Dame de Consolation, dont le culte est encore vivace de nos jours.

Évènements :

  • Ducasse d’avril et de fin juillet-début août

L’Escaillère 6464

  • Escaille signifiant ardoise
  • Escaillons
  • Village frontalier le plus méridional et le plus élevé de la Province de Hainaut (altitude 365 m). Petite localité rurale dominant la vallée de l’Eau Noire. Habitat en ordre lâche. Situé sur le Plateau de Rocroi, territoire encerclé de petits ruisseaux et constitué à 70% de forêts, le reste étant partagé entre pâturages, marécages et terres incultes (rièzes).
  • Accès par la RN 589 venant de Chimay ou par la RN 964 venant de Couvin. Ligne TEC 59 : Chimay-Rièzes-Couvin.
  • 1437 ha 254 habitants

Historique

Détachée de Baileux, L’Escaillère fut érigée en commune autonome le 10 juillet 1886. Ce statut nouveau résulta du développement d’une conscience communautaire liée à un très ancien passé historique. Citons les trois hameaux de Lisbonne, L’Escaillère et des Hauts-Marais.

Une ancienne voie romaine a sans doute traversé L’Escaillère, reliant Mézières (France) à Lompret, village proche de Chimay où des fortifications préromaines avaient été établies. La limite méridionale du village est un vestige de l’antique frontière séparant les tribus gauloises, les diocèses de Liège et de Reims et, à partir de 843 (Traité de Verdun) la France de la Lotharingie, puis en 925, la France du Saint-Empire.

Vers l’an 1000, le comte de Hainaut Regnier IV échappe à un grave danger et fonde une chapelle entraînant la création d’un petit ermitage (emplacement du cimetière actuel). Au même endroit, au milieu du 13e siècle fut créé un prieuré dit des Mathurins, rattaché à l’ordre des Trinitaires, malheureusement ruiné en 1340 suite au passage dévastateur du comte de Hainaut, Guillaume le Hardi.

Plus tard, après la dépendance vassalique des seigneurs de Rumigny (comme Regniowez, commune française limitrophe à laquelle le destin du terroir de L’Escaillère fut souvent lié), une partie de la commune actuelle passa à la seigneurie, puis à la principauté de Chimay.

Le hameau de Lisbonne, anciennement l’Isle Bonne est issu du fief tenu au 16e siècle par un certain Martin (Marin ? Mary ?) Bonne qui y érigea des forges sur la rive droite de l’Eau Noire. Ce fief transmis au fils de Martin passa aux mains de divers propriétaires : Oger Ghoreux, maître de forges, Toussaint de Robaulx, la famille de Baillet, les du Wooz, etc.

En 1693, une partie du fief fut racheté par Antoine Cartiaux, il y établit le moulin Quertieau.

Le hameau de L’Escaillère a donné son nom à la future commune (escaille = ardoise). L’exploitation de l’ardoise (plus ancienne ?) remonte avec certitude à la seconde moitié du 17e siècle. L’appellation escaillère apparaît dans les registres paroissiaux en 1679. Ces ardoisières furent exploitées jusqu’au début du 20e siècle par intermittence et avec maints avatars. L’ardoisière de Lisbonne était en activité au début du 18e siècle, celle du Marquis vers 1780. La production n’a jamais atteint la rentabilité espérée et en 1828, deux sites ardoisiers (Gros Faux et Sainte-Barbe) furent même mis en vente par le gouvernement. L’activité reprise au cours du 19e siècle, subit un échec aux causes diverses : manque de fonds, systèmes techniques insuffisants, mauvaise politique commerciale. Début 20e , l’industrie ardoisière disparut.

Le hameau des Haut-Marais, possession du prince de Chimay, fut vendu par ce dernier, en plusieurs lots à de riches financiers en 1868.

Le 20e siècle vit la modernisation s’installer progressivement (routes, lavoir couvert, ligne de chemin de fer vicinal, téléphone public, électrification, maison communale construite en 1830, etc.).

Sur le plan religieux, les habitants de L’Escaillère firent partie au 16e siècle de ce qu’on a appelé « le Regniowez liégeois ». Ils dépendaient bien que situés dans le diocèse de Liège, de la paroisse française de Regniowez. Par la suite, la pratique religieuse s’effectua à Regniowez ou à Cul-des-sarts malgré l’assujettissement à la paroisse de Baileux.

L’autonomie fut acquise progressivement avec l’érection de l’église Saint-Hilaire en 1877. Mais une cure indépendante de Baileux ne fut établie qu’en 1890.

À Voir :

  • Place communale Armes du village sur l’ancienne maison communale (allusion aux anciennes ardoisières) ;
  • vallée de l’Eau Noire, pittoresque et tranquille ;
  • forêts de résineux (Hauts-Marais), promenades pédestres.

Événements :

  • Ducasse au 21 juillet ;
  • pistes de ski de fond (organisation de la Jeunesse de l’Escaillère).

Lompret 6463

  • Longo prato : long pré
  • Lomprétois
  • Superbe petit village sur le versant nord de la Calestienne à 5 km à l’est de Chimay. Blotti au fond de la vallée dans un méandre très prononcé de l’Eau Blanche entre des falaises abruptes couronnées d’ifs. Habitat rural traditionnel. Label de « Plus beau village de Belgique ».
  • Accès par RN 939 venant de Chimay et de Mariembourg et par RN 539 venant de Cerfontaine. Ligne TEC 156c Chimay – Mariembourg.
  • 737 ha 179 habitants.

Historique

Le site de Lompret est occupé depuis les époques les plus reculées.Au lieu dit « Franc Bois », au-dessus de la falaise, furent trouvés des silex de formes variées (grattoirs, racloirs, burins, outils divers) attestant la présence humaine au paléolithique. À cet endroit, appelé aussi « Camp romain », un murus  gallicus, fortification préromaine, indique l’existence d’un espace-refuge à proximité de la dorsale est-ouest. La découverte de plusieurs centaines de pièces d’argent datant de la fin du 3e siècle prouve aussi l’antique occupation du lieu.

Fin du 9e siècle, Lompret satellite d’Aublain, tout proche, était une possession du comté de Namur. Avant 1200, les seigneurs de Chimay absorbèrent ces deux territoires. Sous l’Ancien Régime, Lompret formait une seigneurie foncière relevant de la prévôté de Chimay. Aux 14e et 15e siècles, elle fut propriété de la famille Bouzanton et il ne reste du château féodal qu’une tourelle délabrée, localisée au coin de la ruine. Au 16e siècle, la seigneurie passe aux landas, vassaux des Croÿ. Ce château-chapelle apparaît dans les Albums de Croÿ vers 1600. En 1655, la seigneurie fut acquise par le maître de forges François Pierre Jacquier dont la famille posséda Lompret jusqu’à la Révolution française.

Comme partout dans la région de Chimay, la métallurgie est présente à Lompret au début du 16siècle. La forge d’affinage située à la « Vallée des Oiseaux » cessa son activité dans la seconde moitié du 19e siècle.

Au point de vue religieux, la paroisse Saint-Nicolas fut détachée en 1803 de celle d’Aublain (diocèse de Metz). L’église néogothique actuelle, édifiée en 1879 a remplacé la chapelle castrale qui servait de sanctuaire paroissial.

À voir :

  • Lompret est depuis 1998, l’un des plus beaux villages de Wallonie. Méandre pittoresque de la vallée de l’Eau Blanche, dominé par une falaise s’élevant à plus de 50 mètres au-dessus du niveau de la rivière : le rocher de Franc-Bois où naissent spontanément des ifs dont l’ancienneté et la
    régénération sont étonnantes (voir historique).
  • La Grotte située dans les bois qui bordent l’Eau Blanche fut érigée en réserve chiroptérologique en raison de nombreuses espèces de chauves-souris qui occupent cet endroit.
  • Centre du village
  • Église paroissiale Saint-Nicolas, de style néogothique érigée en 1879. Construction calcaire. Monument funéraire de Nicolas Jacquier, pierre bleue dans le porche.
  • Ancien château de Lompret. Actuellement, trois parties du monument sont encore visibles : deux sont transformées en habitations privées et la 3e est restaurée en hôtel (de Franc-Bois). Le seul vestige du château féodal est une tourelle avec créneaux datant du 15e siècle, au coin
    de la ruine.
  • Maisons typiques en calcaire gris clair du pays.

Événement :

  • Ducasse du 15 août

Gastronomie :

  • Escavêche locale

Rièzes 6464

  • Rièze : terre inculte et marécageuse
  • Rièzois
  • Village frontalier (France) à l’altitude élevée (343) situé au nord-ouest du Plateau de Rocroi et à quelques kilomètres au sud-ouest de Chimay. Petite localité rurale agricole à l’habitat dispersé ; climat rude.
  • Accès par RN 589 venant de Chimay-Baileux ou par une route secondaire venant de ChimayBourlers. Ligne TEC 59 Chimay-Rièzes.
  • 771 ha 323 habitants.

Historique

La réunion du hameau des Rièzes, dépendant de Chimay et de celui de Nimelette, dépendant de Baileux aboutira le 1 mars 1851 à la création de la commune autonome de Riezes.

La limite méridionale du village coïncidant avec le cours d’un affluent de l’Eau Noire est éminemment historique : frontière entre les territoires des Nerviens de ceux des Rèmes, entre les diocèses de Liège et de Reims, entre la France et la Lotharingie en 843 et enfin, entre la France et le Saint Empire en 925. Cette frontière est naturelle : elle traversait des terres incultes, marécageuses, appelées rièzes qui ont donné leur nom à la localité. Sous l’Ancien Régime, Rièzes dépendait de la prévôté de Chimay. Les forges du hameau de Nimelette pourraient remonter au 14e siècle et ont appartenu dans la 2e moitié du 17e siècle au Prince de Chimay avant d’être exploitées, à partir de 1682 par la famille Darche. Longtemps limitée à quelques petites exploitations d’élevage, l’agriculture connut une réelle extension suite à la campagne de colonisation des forêts menée à l’initiative du Prince de Chimay, entre 1850 et 1870. Le village connut alors un essor démographique. Au 20e siècle, c’est une localité bien vivante, autour de deux pôles : la brigade de gendarmerie et le bureau des douanes. De nombreux débits de boissons contribuaient au maintien de cette vie chaleureuse.

Au cours de la 2e guerre mondiale, des évènements dramatiques se produisirent. En 1942, le camp des Milices Patriotiques de Schaerbeek, sorte de maquis, permit l’évacuation de résistants et d’aviateurs alliés. En février 1944, les Allemands encerclent le village et opèrent une rafle d’une quarantaine d’otages dont plusieurs furent déportés.

Le hameau de Rièzes posséda à la fin du 17e siècle une chapelle dépendant de l’église de Chimay, dotée de fonts baptismaux en 1747 et érigée en paroisse en 1853. L’église actuelle néogothique fut construite en 1856 et consacrée en 1857.

Rièzes est le village natal de l’écrivain Arthur Masson, chantre régional.

À voir :

  • Église paroissiale Saint-Gorgon, édifice néogothique (1856) ; retable Renaissance en chêne, 17e siècle ; fonts baptismaux en pierre bleue, 17e siècle.
  • Le monument Arthur Masson (né à Rièzes en 1896 et mort à Namur en 1970) célèbre écrivain régional, auteur du personnage truculent de Toine Culot. Le monument, don de l’Animation rièzoise (2003), représente l’auteur avec quelques personnages disposés sur un livre ouvert.
  • Nimelette, dans la vallée de l’Eau Noire ;
  • l’ancien pont vicinal sur l’ancienne ligne Chimay-Cul-des-Sarts ;
  • la stèle à la gloire des maquisards près du pont-route de Nimelette.

Événements :

  • Fête de la Saint-Gorgon, à la mi-septembre ;
  • pistes de ski de fond.

Robechies 6460

Rotberceias : propriété de Hröpiberht

— Robechisiens – Les corniots

— Petite localité paisible à 4 km au nord de Chimay sur le versant nord de la bande calcaire (Calestienne) jouxtant le massif boisé de la Fagne. Altitude 250 m (église). Plusieurs étangs dans le fond du vallon.

— Accès par RN 53 venant de Chimay ou de Beaumont. Ligne TEC 156A

— 538 ha 285 habitants

Historique

En 1907, la découverte d’une nécropole des 3e ou 4e siècles prouve une colonisation du lieu à l’époque gallo-romaine. Douze tombes à incinération fournirent divers types d’objets : bagues, broches émaillées, fibules, poteries. Par la suite, un certain Hröpibert (patronyme donnant le nom au village) établit une exploitation agricole au 9e ou au 10e siècle. Robechies est mentionné aux 11e et 12e siècles, notamment dans la fameuse bulle de Luciüs III. Cette citation tardive n’exclut pas que le domaine de Robechies ait appartenu au domaine de Salles. La mention Gardineias dans la charte d’Erlebold semblerait correspondre à un hameau de l’actuel Robechies. Le village appartint à la seigneurie de Chimay à partir du 12e siècle, sous le régime de la loi de Liège. Robechies, faisant partie des neuf villes du Sart de Chimay fut démembré de la terre de Chimay de 1412 à 1445 pour devenir possession du comte de Hainaut, sous la dépendance administrative de la prévôté de Maubeuge.

Robechies fut de tout temps voué à l’élevage, à la culture de céréales et à l’exploitation forestière. Mais, un fourneau « De Morgnies-Marteaubois » fonctionna de 1559 à la fin du 17e siècle. Il était situé sur l’étang de Maître Gérard Cadoriau, alimenté par le ruisseau des Chambrettes dont les crayats témoignent l’activité sidérurgique. La fabrication du charbon de bois occupa pas mal d’habitants jusqu’au 19e siècle. Au siècle dernier, une scierie employa une trentaine d’ouvriers jusqu’en 1940. La culture des céréales disparut après 1918.

Village paisible, Robechies le resta aussi aux époques troublées, sa position en marge des grands axes n’attirant pas les pilleurs. Sur le plan religieux, une chapelle citée en 1182, succursale de celle de Salles, était desservie par le vicaire de Bailièvre. Dédiée à Saint Nicolas, elle fut réaménagée en 1839 et restaurée en 1936. Jusqu’en 1803, elle dépendit du diocèse de Cambrai. Elle fut dès lors une paroisse autonome dans l’évêché de Tournai.

À voir :

  • Église paroissiale Saint-Nicolas, édifice en calcaire avec une seule nef néoclassique et un chœur
    avec une abside à trois pans.
  • Vue panoramique du village des hauteurs de Thiérissart et de la route de l’Arbrisseau.
  • Promenades dans la forêt de la Fagne.
  • Flore particulière : orchidées sauvages etc…
  • Étang de Mon Rêve, rendez-vous des pêcheurs, en direction de Bailièvre.

Saint-Remy 6460

  • Sancte Remigio
  • Saint-Remisiens
  • Localité située dans la proximité immédiate de Chimay, à l’ouest, sur un versant bien exposé de la vallée de l’Eau Blanche. Altitude 241 m (église). Habitat serré le long de la route Charlemagne, se fondant à l’est avec Chimay. Hameau des Haies de Saint-Remy, au sud, le long de la Franche Haye (Thiérache).
  • Accès par RN 99 venant de Chimay ou de la frontière française. Ligne TEC 156A Chimay-Momignies ;
  • 907 ha 395 habitants.

Historique

L’occupation très ancienne est attestée par de nombreux objets datant de l’époque gallo-romaine retrouvés vers 1880 entre Saint-Remy et Chimay. L’antique voie préromaine, dont subsistent quelques tronçons, reliant les pays de Hainaut, de Meuse et de Champagne, traversait Saint-Remy pour rejoindre la grande chaussée Bavai-Reims. Fin du 9e siècle, la paroisse de Saint-Remy ne faisait pas partie du domaine carolingien d’Erlebold mais comme Chimay d’ailleurs, dépendait du comté de Namur pour le temporel et du diocèse de Liège pour le spirituel. L’église paroissiale primitive de Saint-Remy fut l’église-mère de celle de Chimay jusqu’au 14e siècle. Le procès de 1367 entre les deux églises sanctionna définitivement la prééminence religieuse de Chimay. La paroisse de Sainte-Geneviève s’étendant entre Chimay et Saint-Remy était au 11e siècle un alleu sous la dépendance de la maison d’Avesnes. Il fut vendu à Allard, seigneur de Chimay qui en fit donation à l’abbaye Saint-Nicaise de Reims. Par le truchement de l’avouerie, ce territoire devint au cours du 13e siècle un hameau de Chimay. La paroisse de Sainte-Geneviève indépendante, perdit son église en 1775 et fut finalement rattachée à celle de Saint-Remy en 1803. L’église fut restaurée en 1734 et sa physionomie actuelle remonte à 1836.

En 1340, le village fut très gravement ruiné par les troupes du roi de France Philippe VI de Valois. Bien que l’abbaye du Jardinet de Walcourt y possédât (dès le 15e siècle) des biens importants, dont Thiérissart, la majeure partie du village dépendait de la seigneurie de Chimay. Le manoir de Louis d’Ennetières, gouverneur du château et de la ville de Chimay acheté vers 1600 par Charles III de Croÿ et annexé au domaine de la Principauté, fut incendié, comme d’autres maisons de Saint-Remy, en 1637 par les Français qui tenaient Chimay.

Sur le plan économique, des industries diverses ont de tout temps animé la localité.

Vers 1600, des minières étaient déjà exploitées. À la fin du 17e siècle, les Polchet tenaient une forge qui aurait fabriqué des pièces d’artillerie pour les armées de Louis XIV. On dénombrait aussi des carrières de pierre bleue, des sablonnières, de nombreux chaufours et une briqueterie.

Fin du 19e siècle, deux industries apparaissent : une distillerie d’acide pyroligneux (occupant jusqu’à 150 ouvriers en 1930) et une usine de produits céramiques exportant en France, en Irlande et en Afrique.

Durant presque tout le 20e siècle, la société « Le Bon Grain » géra une boulangerie florissante.

À voir :

  • Église paroissiale Saint-Remy — Édifice du 13e siècle tombé en ruines et fortement restauré en 1734. Chœur roman à chevet plat réputé du 13e siècle ; La table du maître-autel est constituée d’une grande cheminée louis XV, en marbre rouge de Rance (don de Madame Tallien, château de Chimay). Presbytère. Construction datée de 1744 par un jeu de briques en façade. Entre cour et jardin clos, double corps à deux niveaux en moellons et pierres de taille calcaires.

Salles 6460

  • Sale : demeure à une seule pièce
  • Salaisiens
  • Village agricole peu peuplé, à 5 km de Chimay au milieu de la Calestienne à une altitude de 250 m. Habitat fait essentiellement d’anciennes fermes en long, établi le long de la grande route menant à la frontière française.
  • Accès par RN 593 venant de Chimay ou de Macon ; ligne TEC 156A Chimay-Momignies
  • 1157 ha, 245 habitants

Historique

Un diverticulum menant de Chimay à la chaussée Bavai-Reims et traversant le village de Salles incite à prouver une modeste colonisation romaine dont il ne reste rien. Par contre, la fameuse charte d’Erlebold de 888 établit l’existence au 9e siècle d’un domaine carolingien très étendu dont Salles était le centre. Cette « villa » correspondait pratiquement à la moitié du canton actuel de Chimay et englobait les territoires de Bailièvre, Monceau-Imbrechies, Robechies, Villers, Salles, Macon et Seloignes. Erlebold, comte de Castrice, possédait ce domaine qu’il céda à un monastère bénédictin fondé par lui à Salles. Ces possessions situées dans la mouvance des comtes de Hainaut et sous la dépendance spirituelle du diocèse de Cambrai, furent probablement codétenues par la suite par les seigneurs de Chimay et le chapitre canonial de Sainte Monégonde, vraisemblablement issu du monastère de Salles.

Au début du 14e siècle, les habitants de Salles, régis par la loi de Liège, dépendaient uniquement de la prévôté de Chimay et étaient administrés par un mayeur et des échevins nommés par le seigneur. Salles, une des neuf villes du Sart de Chimay, était malheureusement situé dans le couloir de passage des armées de France ou du Saint-Empire ; de ce fait, le village fut souvent saccagé, notamment en 1340, 1552 et 1638…

Au début du 17e siècle, les habitants, la plupart des agriculteurs, étaient plus ou moins 350. Cette population ne varia guère au cours des siècles postérieurs, probablement parce que non concernée par les fluctuations économiques générées par le destin de la sidérurgie locale.

Sur le plan religieux, la paroisse-mère dédiée à la Vierge, très importante dès le 10e siècle, se démembra progressivement jusqu’à la fin de l’Ancien Régime où seules Robechies et Bailièvre étaient encore sous sa dépendance. À la fin du 16e siècle, l’église et le cimetière constituaient un ensemble fortifié appelé « église et fort de Salles ».

L’église actuelle fut construite entre 1755 et 1758 et la tour datant de 1720, fut réédifiée en 1868.

À voir :

— Église paroissiale dédiée à la Vierge Marie. Entre 1755 et 1758, l’ancienne église datant probablement du 16e siècle a été reconstruite en pierres locales appareillées ; chœur de deux travées avec chevet à trois pans ; tour-porche à deux entrées.

— Fonts baptismaux en pierre de la fin du 16e siècle ; chaire de vérité Louis XV ; deux confessionnaux galbés, décorés de trophées ; banc de communion Louis XVI.

— Rue de la fontaine :

— presbytère en calcaire à deux niveaux à double corps (18e siècle) ;

— fontaine figurant déjà dans les albums de Croÿ, réaménagée au milieu du 19e siècle.

— Grand-rue : nombreuses fermes en long en moellons calcaires.

— Chapelle Notre-Dame de l’Arbrisseau : lieu de pèlerinage encore vivant consacré à Notre-Dame du Pilier de Saragosse, dominant tout le plateau dénudé, sanctuaire baroque de 1677 en pierre de taille calcaire, agrandi en 1780 d’une travée servant de porche-abri. La façade à pignon actuelle est une reconstruction en 1923. Dans la niche, une Vierge à l’Enfant en pierre polychromée (18e siècle) ; un autel à retable en bois peint et table en marbre de Rance (fin 17e siècle). 

Événements :

— Pèlerinage septennal consacré à Notre-Dame de l’Arbrisseau ;

— ducasse du 15 août ;

— 24 heures de « Jeu de boules en bois », 3e week-end de juillet.

Vaulx 6462

  • Vallis : vallée
  • Vaulxois
  • Le plus petit village de l’entité chimacienne, à l’est de Chimay, sur les plateaux de chaque versant de l’Eau Blanche et composé de 3 hameaux principaux : Saint-Pierre, Neufmaisons, les Quartiers. Habitat rural extrêmement dispersé.
  • Accès par routes secondaires venant de Chimay ou Couvin.
  • 541 ha, 151 habitants

Historique

Le nom du village apparaît pour la première fois en 1182, dans la bulle de Lucius III, mais Vaulx faisait probablement partie du domaine de Virelles et était à l’origine, une propriété du chapitre de Maubeuge.

Fin du 9e siècle et jusqu’au 12e siècle, Vaulx fit partie des possessions du comté de Namur.

À partir du 13e siècle, le domaine Vaulx fut intégré au comté de Hainaut et plus précisément à la seigneurie de Beaumont. Il est acquis que Vaulx eut son propre échevinage, mais à cause de la modestie du terroir, fut la plupart du temps réuni à Virelles par l’administration fiscale du Hainaut. Au début du 17e siècle, la partie nord de Vaulx, à savoir les Quartiers, la Queue de L’Herse et les Boudonnées, faisait toujours partie du comté de Beaumont et le reste du territoire appartenait à la Principauté de Chimay. Aux 17e et 18e siècles, les Poschet, célèbres maîtres de forges, se seraient proclamés seigneurs de Vaulx : aucun document n’atteste une seigneurie véritable.

Une forge a été en activité à Vaulx jusqu’à la fin du 18e siècle.

Aux 19e et 20e siècles, l’élevage de bestiaux et l’exploitation forestière constituent les activités économiques principales. Sauf une sensible augmentation démographique vers le milieu du 19e siècle, due aux défrichements, la population est restée stable mais faible.

Dans le domaine religieux, la paroisse de Vaulx dépend depuis toujours du diocèse de Liège. C’était une chapelle annexe de Virelles, dédiée à la Sainte-Vierge. En 1803, la paroisse deviendra autonome. À la nef romane de l’ancienne chapelle, on ajouta en 1739, un chœur à trois pans. C’est aujourd’hui une habitation joliment restaurée.

Une nouvelle église dédiée à Saint Pierre fut construite en 1865.

À voir :

  • Ancienne église paroissiale de la Sainte Vierge : chapelle romane modeste dont la nef remonterait au 11e siècle. En 1739, ajout d’un chœur à trois pans dont le plafond Louis XVI porte dans des cartouches entrelacés, les emblèmes pontificaux. Transformée au 19e siècle et actuellement aménagée en habitation privée.
  • Église paroissiale Saint-Pierre en style néogothique, construite en 1865.
  • Au hameau des Neufs maisons, importante et belle ferme en quadrilatère construite en pierre
    calcaire aux 18
    e et 19e siècles.
  • Vallée de l’Eau Blanche pittoresque et paisible. Promenades balisées.

Événements :

  • Ducasse de Vaulx, fin juin

Villers-La-Tours 6460

  • Villare (latin villa) → domaine
  • Villersois
  • Village à 5 km à l’ouest de Chimay, rive droite de l’Eau Blanche. Altitude 248 m
  • Accès par route Charlemagne (RN 99) venant de Chimay ou de la frontière française. Ligne TEC 156A
  • 791 ha, 473 habitants

Historique

En 888, la charte d’Erlebold mentionne une partie de son territoire sous l’appellation Alploys. Villers a fait partie de la villa carolingienne de Salles, dépendant temporellement des comtes de Hainaut et spirituellement du diocèse de Cambrai. La bulle de Lucius III en 1182 indique que la chapelle de Villers était une dépendance de l’église de Salles. Plus tard, ce domaine fera partie des neuf villes du Sart de Chimay.

En 1414, Guillaume IV, comte de Hainaut y possédait 75 hectares de terres et de prés.

En 1445, le village fut intégré dans la terre de Chimay, réunifiée par Jean II de Croÿ. Villers doit son appellation complète à la présence d’une « tour », une maison forte avec tour fossés et jardins. Au 14e siècle, cette bâtisse servira de refuge aux habitants des environs jusqu’au 18e siècle. Gravement éprouvée au 15e siècle, plusieurs fois ruinée, elle sera cependant chaque fois relevée.

Villers, au 16e siècle eut un fourneau sur l’Eau Blanche près de l’étang de la Fourchinée. Il était tenu en 1606 par Gilles et Martin Braconnier et propriété, au 17e siècle, des sieurs Delcourt et Polchet. L’activité métallurgique disparut, fin 18e siècle, victime du protectionnisme liégeois.

Un moulin à eau fonctionnait en 1444, alimenté par un bief de l’Eau Blanche. Ruiné par la suite, reconstruit à la fin du 18e siècle, il cessa son activité en 1953. Au 18e siècle, d’importantes minières furent découvertes sur le territoire villersois et assurèrent la survie momentanée de plusieurs fourneaux environnants (Macon, Saint-Remy). Abandonnée au début du 19e siècle, cette activité redonna au village son caractère herbager et forestier.

En 1896, on dénombrait 50 sabotiers à Villers. Une saboterie mécanique est ouverte en 1925 et reste active jusqu’en 1955.

L’église actuelle qui a remplacé l’ancienne néogothique construite en 1869, est un édifice moderne (1976) situé le long de l’ancienne voie de chemin de fer qui traversait le village.

À voir :

  • Moulin du 18e siècle, remanié aux siècles suivants, il est situé le long de l’Eau Blanche, au-dessus de la porte d’entrée, un médaillon gravé avec l’inscription 1790, date de la rénovation.
  • Nombreuses chapelles votives et potales. La potale de l’Immaculée Conception, rue du Périsseau, du 19e siècle, est composée d’un socle quadrangulaire et d’une niche surmontée d’une croix.

Événements :

  • Ducasse de Villers, fin août.

Virelles 6461

  • Virvella, dimin. de Virva (ancien nom du Viroin et de l’Eau-Blanche)
  • Virellois
  • Village pittoresque, Est de Chimay (3 km) au creux de la vallée de l’Eau-Blanche sur le flanc nord de la Calestienne. Altitude 204 m (église). Habitat serré s’étendant de la vallée vers le versant nord et vers l’étang
  • Accès par RN 589 venant de Chimay et des Lacs de l’Eau d’Heure.
  • 1828 ha, 740 habitants

Historique

L’étang qui date du 16e siècle et désormais réserve naturelle, fait le renom de Virelles.

Le testament de Sainte Aldegonde, document prétendument daté de 673 mais probablement écrit au 11e siècle mentionne Virelles. Le territoire à cette époque appartenait à la mouvance temporelle du comte de Namur et relevait pour le spirituel du diocèse de Liège.

Virelles est aussi un cas très particulier sous l’Ancien Régime ; en 1445, une partie du territoire relevant de la prévôté de Beaumont en est détachée et annexée à la terre de Chimay. Deux seigneuries se partageaient le village : Virelles-comté faisant partie de la terre de Beaumont et Virelles-Principauté, fief du seigneur de Chimay. Virelles-Principauté fut de surcroît une propriété indivise : une partie appartint aux de Trazegnies, puis aux Croÿ Arenberg, l’autre aux de Bourlers (15e – 16e siècle) puis par vente aux enchères aux Jacquier, notamment à Pierre Jacquier, maître de forges à Rance et déjà seigneur de Lompret et Boutonville. La seigneurie passa ensuite aux Maclcamp (en 1810) et enfin aux de Clercq-Wissocq de Sousberghe. Le château de Virelles fut vendu par le baron Van der Straeten, exécuteur testamentaire de la vicomtesse de Sousberghe. En 1980, le domaine fut dispersé et vendu à des particuliers.

L’étang de Virelles, vaste étendue d’eau, la plus grande de Belgique, très poissonneuse, fut un lieu d’agrément pour les Princes de Chimay, un site touristique et actuellement une réserve naturelle.

L’activité sidérurgique se développa du 16e siècle à la 2e moitié du 19e siècle grâce à l’établissement de deux forges, la forge du déversoir et plus en aval sur l’Eau Blanche, la forge Monseu bâtie en 1590 par Michel de Moustier et devenue la propriété du prince de Chimay en 1860. Ces forges ont été les dernières du pays de Chimay. Commune boisée, l’exploitation forestière y fut également très importante. Sabotiers, charrons, vanniers etc. constituèrent l’artisanat habituel du pays de Chimay.

Sur le plan religieux, l’Église médiane de Virelles dédiée à Saint Martin fut d’abord à la collation du chapitre de Maubeuge puis à celle du chapitre de Chimay au 15e siècle. L’église actuelle fut construite de 1738 à 1753.

À voir :

  • Église paroissiale Saint-Martin (1738 – 1753) :
    • en façade, une tour en pierres, parente de celle de Chimay et terminée par une flèche bulbeuse ;
    • une nef unique terminée par un chevet à trois pans ;
    • une statuaire intéressante à l’intérieur : un christ du 16e siècle, un saint Jean en bois polychromé du 17e siècle ;
    • le maître-autel et les autels latéraux en marbre de Rance.
  • Dans la rue de l’Eau Blanche, datée de 1724 par les ancres de sa façade, ample bâtisse en briques et pierre calcaire, appelée « le château » ancienne résidence de maîtres de forges.
  • Quelques bâtiments intéressants dont la maison carrée (1749), l’ancien presbytère et l’ancien moulin.
  • Le château (non visitable) des anciens seigneurs rocheux dominant l’Eau blanche, ancien manoir du 16e siècle, transformé au 19e siècle dans l’esprit romantique.
  • À la limite de la Calestienne et de la Fagne, l’étang de Virelles constitue l’une des plus vastes zones humides de Wallonie (116 ha). Aménagé au 16e siècle pour les besoins de la métallurgie. Lieu de divertissement pour les princes de Chimay qui édifièrent dans le premier tiers du 19e siècle, le Pavillon Tallien (petit édifice néoclassique servant de salle d’expositions diverses consacrées à la nature).
  • Le « lac » de Virelles fut exploité touristiquement et depuis 1983, des associations de protection de la nature gèrent cette exceptionnelle réserve naturelle (présence d’espèces très rares telles que le grèbe huppé, le busard des roseaux etc.). L’Aquascope offre toutes les possibilités d’observation de la vie de l’étang.
  • La Grange aux Papillons fait découvrir un monde magique avec un décor luxuriant où évoluent les espèces tropicales.
  • Nombreuses vues panoramiques de ce village pittoresque, multiples promenades balisées dont celle réputée du Bois de Blaimont (flore incomparable et le Grand-Pont, magnifique viaduc de huit arches construit en 1856 pour permettre au chemin de fer de Chimay de franchir la vallée de l’Eau Blanche).

Événements :

  • Ducasse et Marche Notre-Dame de Lumière à la mi-juillet ;
  • étang de Virelles : fête du miel et de la nature (Août) ;
  • foire aux pommes (octobre)