Voyage intérieur sur nos rivières de Robert Louis Stevenson (1850-1894)


Résumé de la conférence donnée le 21 décembre 2022 par Hervé Gournay


L’ œuvre littéraire de l’auteur écossais sa notoriété au-delà du Channel immense, l’auteur le plus lu après Robert Louis Stevenson est d’importance, Kipling. S’il est moins connu en France, il était pourtant francophile et francophone. À l’été 1876, il a navigué à bord d’un canoë sur l’Escaut, la Sambre et l’Oise, entre Anvers et Bruxelles puis de Maubeuge à Pontoise. Ce périple fluvial se traduira deux ans plus tard en un récit de voyage intitulé « An Inland Voyage », traduit en français de diverses façons, d’abord « À la pagaie » en 1900 puis maintenant « En canoë sur nos rivières du Nord ». Auteur prolifique et attachant, profondément humaniste, Robert Louis Stevenson fait l’objet à juste titre d’un intérêt renouvelé ces années-ci dans nos pays.

Vie de Robert Louis Stevenson

Robert Lewis Stevenson est né le 13 novembre 1850 à Edimbourg. Il nait dans une famille bourgeoise bien-pensante. Avec un grand-père, Robert, qui a construit début XIXe siècle, sur des côtes écossaises inaccessibles, pas moins de vingt-trois phares, des ponts suspendus, creusés des ports et des canaux ; avec un père, Thomas, qui, lui, dressa vingt-sept phares, Robert Lewis Stevenson est l’héritier de cet humanisme marin. Robert l’ancien trouvait l’appel de la vie dans ses grands voyages en mer ou au grand air au milieu de la nature sauvage. Par sa mère, Margaret Balfour, Robert-Louis avait un peu de sang français et des liens familiaux avec Walter Scott et le poète romantique Lord Byron. En mars 1853, une diphtérie le rend malade pour le reste de sa vie, sujet à des bronchites et des pneumonies chroniques. Le climat écossais, humide, venteux et froid n’arrange pas sa santé. C’est en février 1863 qu’il découvre la France à Menton avec son infirmière dévouée, Alison Cunningham surnommée Cummy. C’est elle qui a son chevet depuis ses maladies lui raconte des histoires de pirates et autres. C’est elle qui sera à l’origine de son goût pour l’aventure favorisant son imagination dé- bordante. Pour des raisons médicales, convalescent d’un hiver douloureux, il séjourne quelques semaines à Menton avant de visiter l’Italie. Il apprend le français les années suivantes et changera son prénom d’origine Lewis en « Louis ».

« An Inland Voyage », voyage d’un futur écrivain à l’été 1876

Le goût de l’aventure, de la littérature et sa francophilie amènent Robert-Louis sur les canaux de Belgique et du nord de la France, puis à l’écriture du récit de ce voyage l’année suivante. L’itinéraire est le suivant : en compagnie de son ami écossais Walter Simpson, les deux canoéistes écossais embarquent à Londres pour Anvers, y mettent à l’eau leurs canoës baptisés L’Aréthuse pour Robert Louis et La Cigarette pour Walter. Ils partent le 25 août 1876 et descendent l’Escaut jusque Bruxelles, décrivant au passage à la fois leurs aventures vécues au fil de l’eau, les paysages et leurs rencontres avec les habitants des rives. Empruntant le train de Bruxelles à Maubeuge, ils repartent de là vers Paris. La pluie et le froid auront raison de leur intention, et les deux écossais arrêteront leur voyage sur les canaux du Nord, Sambre et Oise à Pontoise qu’ils atteignent le 14 septembre, sans atteindre la Seine. De là, ils rejoignent leurs amis et amies artistes à Grez-sur-Loing, dont Fanny Osbourne, artiste peintre américaine que Robert Louis épousera en 1880. Robert Louis écrira le récit de son voyage en 1877, émaillé d’anecdotes originales, faisant de son livre un document ethnologique de la Belgique et de la France du nord dans ces années 1870. Publié en avril 1878 en Grande-Bretagne, « An Inland Voyage » attendra 1900 pour être traduit en français par un professeur d’anglais au lycée de Valenciennes, Lucien Lemaire, sous le titre « À la pagaie ».

Un récit ethnologique et philosophique

C’est un premier récit de voyage publié pour Stevenson. On y trouve les qualités d’écriture et d’humanisme des futurs récits des prochains voyages, sa future force de production littéraire, son style simple. Les rencontres ne sont-elles pas les moments les plus enrichissants lors d’un voyage ? Pour Stevenson, c’est une évidence. C’est une esthétique de vivre, une façon de courir après ses rêves d’enfant valétudinaire et solitaire, une façon de rehausser le goût des autres. Stevenson est un grand observateur de la nature. C’est un touriste averti, curieux, à la vitesse d’un marcheur à pied, sac au dos. Il fait partie des premiers curieux de ce monde.

Héritage de RLS

S’est déroulé en juin 2022 un colloque universitaire à Bordeaux autour de Stevenson. Son œuvre est reconnue en France et génère des circuits touristiques autour de ses voyages dans les Cévennes, dans le nord de la France, etc., mais surtout des études littéraires et historiques. Robert Louis Stevenson décède en 1894 aux îles Samoa.

 


 

En vente 7€ le livre de Patrick Antoniol : « Voyage à l’intérieur d’une écriture » (s’adresser à la Société Historique du Pays de Maroilles, 171 Grand’rue à Maroilles, 59550 France, T. 06 86 77 13 29)

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