Évolution des quartiers de l’ancienne Bonne Ville de Couvin du XVIIIe au XIXe siècle


Compte rendu de la conférence donnée le 15 mars 2017 par Arthur Boulvain


A.. Introduction historique

  • La ville de Couvin est dominée par une imposante falaise trouée de cavités naturelles et baignée par l’Eau Noire. Elle s’étend sur la Calestienne, bande calcaire fertile entre deux grands massifs forestiers, la Fagne au nord et l’Ardenne au Sud. Son sous-sol regorge de fer. L’occupation du sol est très ancienne (Paléolithique, présence de Celtes dès le 5e siècle).
  • À l’époque gallo-romaine, un diverticulum dans l’axe est-ouest assurait le transit commercial (un seul passage à gué) entre les pays d’ouest et la Meuse. Lors d’un transfert de reliques en 919, la présence de deux moines originaires du monastère de Saint-Germain-des-Prés à Paris est attestée à Couvin ce qui laisserait supposer l’existence d’une petite agglomération à l’ouest du gué autour du prieuré SaintGermain.
  • En 1093, l’évêque de Liège achète au comte de Hainaut le castellum de Covino qui constituera avec d’autres anciens domaines de l’abbaye (Frasnes, Nismes, Pesche etc…) la châtellenie de Couvin, terre désormais principautaire jusqu’en 1793, protégée par son château bâti au sommet du rocher de la Falize. Cette nouvelle implantation est concentrée sur la rive droite de l’Eau Noire. Dès 1299, Couvin porte le titre de Bonne Ville de la Principauté avec les privilèges afférents. Du 15e siècle jusqu’au début du 18e siècle, Couvin subit le passage régulier d’armées avec parfois comme conséquence la destruction des murailles (par ex. ravages de la guerre de Trente ans et guerres de Louis XIV).
  • Couvin connaîtra une première révolution industrielle avec le développement des forges aux 16e et 17e siècles. Au 18e siècle les forges sont prospères (usines SaintRoch). La population augmente mais Couvin reste essentiellement une entité rurale (fumiers débordant sur la voie publique en 1866). En 1813, un certain Charles Hannonet modernise les forges et hauts fourneaux de Pernelle, de Sainte-Barbe, du Prince et de Saint-Roch et fait construire des maisons ouvrières. Mais hélas ce sera la faillite en 1833 principalement à cause de la concurrence de l’Angleterre et de l’absence de houille à proximité. Quittons pour un moment cet aperçu historique pour citer des vues de Couvin proposées par le conférencier :
    • une gravure du 17e siècle où on voit le château en ruines, l’église, la halle, les fortifcations ;
    • une autre vue (dessin) représentant le retour de Louis XIV du siège de Namur ;
    • une gravure de Remacle Le Loup (1938) représentant la ville (le haut).
  • Reprenons avec les modifcations urbanistiques du 19e siècle et du début du 20e siècle. La déviation du cours de l’Eau Noire (v. infographie d’après le plan cadastral de 1833) entraînera la suppression de trois moulins : Chevalier, Rigory et l’Evêque. La 2e phase des travaux de canalisation provoque en 1905 la destruction des maisons situées à droite du grand Pont. Puis la commune construira l’École Normale et une nouvelle église plus spacieuse au même emplacement que la précédente.
  • La seconde révolution industrielle : les poêleries – 1888 Fonderies et Forges SaintJoseph – 1891 La Couvinoise – 1908 Fonderies Saint-Roch – 1970 Saint-Joseph devient SOMY (en faillite en 1976) – La récession en 1973 fera disparaître toutes ces usines – 1933 L’usine du Liénaux produit les raquettes de tennis en bois (faillite en 1988 (Donnay-SA).

Le plan des fortifications

  • Avant de partir à la découverte du patrimoine, examinons le plan des fortifcations qui est particulièrement intéressant car il nous montre le tracé, l’emplacement des tours et des portes. (A. Tour Chevalier – B. Porte Notre Dame – C. Tour de Nysmes – D. Porte du Bourg. – E. Porte de la Falaise – F. Porte du Pont – G. Tour Leveau – H. Tour Théron – I. Porte Moreau – J. Tour du château – K. Chapelle castrale (église actuelle).

B.. À la découverte du Patrimoine

La profusion des documents iconographiques et la contrainte d’un résumé obligent à une sélection d’informations très frustrante. Il sera question notamment de :

  • l’évolution du centre de Couvin (Peinture de Marinus – gravure de 1872 – Les Allées en 2009) ;
  • le Grand-Pont et ses abords, faisant jonction entre le faubourg et l’entrée du bourg médiéval (1902) ;

Le Grand Pont, jonction entre le faubourg et l’entrée du bourg médiéval

  • la ruelle de l’Escalier, véritable bourbier dans les temps anciens « Sanergneuacreux ! » ;

La ruelle de l’Escalier

  • la maison actuelle du doyen (anciennement maison du bailli) ;

La maison du doyen (anciennement Maison du Bailli)

  • le Ravalagne qui conduisait au château par la fausse porte ;
  • la halle (déjà citée en 1388, reconstruite extérieurement vers 1835) ;
  • l’église paroissiale Saint Germain, reconstruite en 1863-64 (avant : église Notre-Dame), avec sa très belle chaire de vérité et son autel à retable du XVIe siècle ;
  • le couvent des récollectines derrière l’église ;
  • la fausse porte (reconstruction par les religieuses de la vieille porte tombée en ruine) ;
  • la rue Albert Colard, ancien faubourg Norte Dame ;
  • la maison à l’emplacement de la Tour Notre Dame ;
  • l’arrière de la cense Demanet – La ferme Waelkens, récemment restaurée et futur centre culturel ;
  • la place de l’Eglise avec l’Hôtel de Ville (tapisserie de la bataille d’Hélipolis) et l’immense cense Demanet ;

La place de l’Église & Hôtel de ville

  • la rue du Pilori par où les envahisseurs passaient ;
  • la rue de la Ravalagne avec de riches demeures du 19e siècle ;
  • la rue de la Ville, anciennement rue du Pilori ;
  • la rue de la Falaise, quartier bien connu des anciens Couvinois grâce à la caverne de l’Abîme où ils se sont réfugiés durant les bombardements de la dernière guerre. C’était une rue très animée, très industrieuse avec des constructions modestes. On y trouvait des fours, de nombreux estaminets, un moulin, deux tanneries (Dromelet).
  • Le faubourg de la Marcelle, très large à cause des tas de fumiers évidemment disparus. Au 19e siècle, trois familles de menuisiers réputés y exercèrent leur art, les Fonder, Chauveheid et Meunier. Quelques belles impostes de style couvinois attireront l’œil curieux du promeneur. Citons encore l’auberge Collignon, l’ancienne maison Fonder, celle de l’horloger Gaspard.

Au 19e siècle, trois familles de menuisiers réputés exercèrent leur art au Faubourg de la Marcelle :
les Fonder, Chauveheid et Meunier.

  • Le faubourg Saint-Germain : il fut très vite peuplé à cause du Vieux Pont, point de passage obligé des voyageurs et marchands et surtout pôle défnitif assurant la sécurité en période de guerre. Citons la maison Perlau, l’hôtel du Grand Cerf, l’auberge de la Croix d’Or qui fut en 1813 la propriété d’Hannonet. Au 18e siècle, quelques gros volumes apparaissent également dont la maison du grefer Brunet, la maison Rousseau, receveur du bureau de Couvin, reconstruite complètement par le maître de forges Destrée.
  • Et pour terminer la rue du Bercet qui fait référence à l’ancien îlot de la berce situé entre l’Eau Noire et le bief du moulin Rigory disparu lors de la première phase de canalisation. Cette partie de Couvin devint plus accessible grâce au Pont Neuf édifé en 1860. Cette même année verra la construction de l’Ecole Moyenne qui intègrera en 1864, une section normale laïque. On parlera dès lors de l’École Normale, actuellement Athénée royal Jean Rey.

Pour obtenir de plus amples informations, signalons que vient d’être réédité le Carnet du Patrimoine no 65, Le patrimoine de Couvin, rédigé par Arthur Boulvain et sa flle Sylvie. Outre les textes, il contient de nombreux documents iconographiques qui n’auraient pu figurer ici.


Résumé rédigé par Léon Fassiaux


 

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *