Promenade dans les rues de Chimay du 16e au 21e siècle – Suite & fin



Compte rendu de la conférence donnée le 20 mars 2019 par Léon Fassiaux & Jacques Buchin


Cette dernière partie nous emmène du pied de l’éperon rocheux jusque la façade est du château en parcourant la Basse ville. Cet aperçu propose une sélection d’informations historiques en parcourant les siècles du 16e au 21e. L’itinéraire suivra la rue de la Basse Ville jusqu’au lavoir et environs (axe ouest-est) et reviendra vers le château par la rue des Bourguets, la rue du Four et la rue du Château (axe est-ouest).
Pour ce qui est du voyage dans le temps, seront utilisés les plans anciens de la ville et plus systématiquement le fameux dessin à la plume d’environ 1610. Six séquences structurent ce texte.

La face nord du château

L’accent est mis d’abord sur l’« histoire » du bulbe surmontant la Tour nord-est en relation avec celui du château d’Havré.
Ensuite, différentes vues de la façade nord sont proposées : une lithographie de 1820, des représentations de l’aspect néogothique avec sa profusion décorative, la Tour nord-est, sans oublier les contreforts et arcades disparus vers 1963.

 

 

L’ancien hôpital et ses environs

L’hôpital Saint-Augustin fut construit en 1465 par Jean de Croÿ et son épouse Marie de Lalaing. Il pouvait accueillir de quinze à vingt personnes et était dirigé par les Sœurs de Saint Vincent de Paul. Il comprenait plusieurs bâtiments : la chapelle, la maison de l’hospitalier, la chambre du prédicateur, la maison des vieilles femmes, deux granges, une cour, un jardin et un cimetière.
À proximité et au nord, était peut-être situé le Moulin des Rivaux (photos uniques des ruines !) avec le bief souterrain alimentant les fosses à poissons et les tanneries situées non loin. Également près de l’hôpital fonctionnait la « picquerie » privée des seigneurs.

La rue de la Basse Ville et les Portes donnant accès au Parc

La rue de la Basse Ville est la rue principale et jusqu’en 1640, elle était une rue importante du point de vue de l’activité économique. Elle était aussi appelée « rue de la val » ou encore « en la val » (citée en 1368).
La Porte Garot est citée en 1465. C’était une construction rectangulaire de 12 m de haut avec sous la bâtière, un colombier et une chambre habitable en temps de paix. Un pont-levis à flèches dans la partie mobile s’abattait sur un pont dormant permettant de franchir la rivière. Elle fut murée en 1632 par Albert De Croÿ Aremberg et remplacée par la Porte Madame à quelque cent mètres plus à l’ouest. Pourquoi ? La Porte Garot n’avait plus d’utilité puisque le Prince avant racheté les parcelles des bourgeois et de plus, la nouvelle porte Madame était plus proche du château. Cette porte fut ainsi dénommée
parce qu’elle était empruntée par la princesse. Néanmoins, elle disparut en 1692, n’ayant fonctionné qu’une soixantaine d’années.

La « trilogie » Moulin – Lavoir – Fontaine

C’est évidemment la partie la plus connue du grand public.
L’ancien moulin ou moulin des chanoines était affermé par recours public et le prix du fermage était perçu par le Chapitre. Il était à trois tournants et deux grandes roues motrices bien visibles sur le dessin à la plume. À la fin du 19e siècle, il devint la propriété des Princes et servit à la centrale électrique alimentant le château.


La fontaine Sainte-Prisce, puis fontaine de la Basse Ville était la seule source jaillissant naturellement intra-muros. La confusion étant devenue permanente entre lavoir et fontaine, l’accès fut contrôlé et il fut même interdit de l’utiliser comme lavoir en 1749. En 1827, une enceinte murale fut aménagée. Vers l’an 2 000, elle bénéficia d’une nouvelle toiture.


Le lavoir, hyperconnu grâce à la légende des sept sauts (sots). Alimenté par la conduite souterraine venant de la fontaine, il fut reconstruit à peu près au même endroit, vers 1730. On y rencontrait encore des lavandières en 1938.


Levant la tête vers la Ville Haute, on aperçoit la Tour Henry enclavée dans l’Institut Notre-Dame, ainsi que la belle maison d’Alphonse Panis, président de la fabrique d’église à la fin du 19e.

La rue des Bourguets, les escaliers et la rue du Four

La rue des Bourguets joint la rue de la Basse Ville et le haut de la Rampe, près du Four. Ces deux voies (Bourguets et Rampe) constituaient les seuls accès routiers vers la Ville Haute. Elles étaient solidement palissadées en temps de guerre.
Remontons la rue des Bourguets pour atteindre le Four au quartier dit « du Bourguet ».
Le four banal, appelé aussi Grand four. D’abord en Froidmont, puis reconstruit en 1506 au Bourguet, il fut désaffecté en raison des licences pour cuisson à domicile. Sur les restes d’une clouterie, le Grand four fut réédifié en 1704 pour disparaître après la Révolution française. Au cours du 19e siècle, il servit d’écurie du château puis de local pour les Loupards au rez-de-chaussée. Actuellement, c’est un restaurant.


La rue du Four, anciennement rue des Bourguets, est bordée d’anciennes et belles maisons du 18e siècle. À son extrémité est, on peut voir un bâtiment imposant : le Tribunal. Cet édifice fut aussi occupé par Alphonse de Chimay, avant la construction du château de Beauchamp, en 1845.

La rue du Château et la façade est du château

La porte « triomphale ». La porte actuelle est proche de la réalisation d’Alexandre Croÿ Aremberg en 1630, s’inspirant du projet de Charles III, de 1606. Outre l’habituelle description décorative, sont mises en évidence les deux devises : « Je maintiendrai Croÿ »,
exprimant la volonté de Charles III et « J’y aspirerai Croÿ » traduisant l’espoir de son neveu. Les armoiries actuelles sont censées représenter celles des Riquet de Caraman Chimay mais leur contenu est incorrect.


La rue du Château. En 1561, est citée la rue d’Ormont, voie très étroite. Puis, on parle de « l’allée du Marché vers le Chasteau » dans le projet de Charles III. Plus tard, Albert de Croÿ Aremberg en fera la « Rue Neuve du Château », privée, élargie et bordée de hauts murs qui disparaîtront au 18e siècle.
Remarquons dans cette rue, l’ancien hôtel de maîtres de Forges Desmanet du Chalon, appelé jadis le « Grand Bureau » en référence au siège de la Compagnie du Chemin de Fer de Chimay.

D’autres vues montrent ensuite le ravage causé par le grand incendie de 1892 qui toucha aussi la Grand Rue.


La façade principale du château. Elle est fidèle dans son agencement au Palais-forteresse de Charles III de Croÿ. Différents documents montrent l’évolution de cette façade, notamment le château au début du 19e (balustrade en bois et portail gothique de l’entrée principale), le château incendié en 1935 pour terminer sur une belle image contemporaine
de l’édifice.


L’exposé s’est appuyé sur de nombreux documents dont certains ont été « toilettés » avec
succès par Jacques Buchin.

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