Les minières d’extraction du silex de Spiennes (Mons) et la néolithisation de nos régions



Résumé de la conférence donnée le 21 décembre 2016 par Claude Robert


neo-01L’évolution des hominidés débute en Afrique et les nombreuses branches de leur arbre généalogique conduiront toutes à des impasses et des disparitions sauf pour homo sapiens sapiens, toujours présent et qui occupe seul chaque continent.

En Europe, entre un million d’années maximum et 600.000 ans, l’homme de néandertal arrive par l’Espagne, le sud de la France et occupe nos abris sous roche, sporadiquement, lors des nombreux interglaciaires.

Dans la région de Mons, il occupe plusieurs terrasses successives au bord d’un cours d’eau, de 500.000 à 300.000 ans.

Cet homme disparaît, il y a 30.000 ans.

Un réchauffement climatique rapide, il y a environ 12.000 ans, voit le niveau des mers s’élever de plus de 100 mètres, le pergélisol dégeler au nord du pays, en Hollande comme dans tout le nord de l’Europe et le vent amener en Hesbaye, en Hainaut, de 5 à 10 m. de loess fertile, tout le continent se couvrant d’une épaisse forêt primaire avec une disparition rapide des grands mammifères : mammouths, aurochs, rhinocéros, ours et hyènes des cavernes, rennes, cerfs mégaceros…

L’homme mésolithique devra pour survivre se contenter de la pêche et, grâce à l’invention de l’arc, de la chasse au petit gibier.

Dans le Proche-Orient, mais aussi dans de nombreuses autres régions du globe surviennent alors une succession rapide d’inventions : l’agriculture, l’élevage, la céramique, le tissage. C’est le néolithique qui va se répandre en longeant la Méditerranée, remonter le Rhône, la Saône et arriver chez nous, tandis qu’un autre courant remonte le Danube, contourne les Alpes vers nos régions également.

De petites exploitations familiales élèvent quelques bovidés, moutons, chèvres, porcs, volailles tandis qu’une sélection de céréales permettent le pain et les boissons fermentées.

Il y a environ 8.000 ans, l’homme, sédentaire, bâtit de longues maisons de bois, torchis, toit de chaume ou de roseaux et commence à créer toutes nos clairières.

Il a donc besoin de haches de pierre, parfaitement symétriques pour supporter les chocs et il exploite les gisements de silex de la région de Mons mais aussi tous les sites où la craie renferme les précieux bancs favorables. Il va alors inventer l’exploitation par minières.

neo-02Un puits vertical, cylindrique, s’enfonce dans le loess éolien, traverse les cailloutis et les sables tertiaires pour atteindre la craie, continue au plus bas sous un premier, un second, voire un troisième banc de silex et c’est en remontant, avec de courtes galeries qui rayonnent autour du puits, qu’il exploite, banc par banc, les rognons utilisables. Les déblais, les blocs inutilisables, sont laissés dans le fond, couche par couche, le chantier ne faisant jamais plus d’un mètre de haut.

Ce travail de taupe se fait à l’aide de pics de silex pointus, tenus en main probablement protégée d’un tissu ou d’une bande ce cuir.

neo-04L’éclairage ne peut être qu’une combustion (mèche grasse) qui oblige à remonter au bout de quelques heures par manque d’oxygène.

Les rognons remontés sont taillés en surface dans des fosses-ateliers installées dans les anciennes minières voisines partiellement comblées.

neo-03Les mineurs fabriquent des haches, des ciseaux à bois et les pics d’extraction. Chaque groupe semble avoir une zone privilégiée qu’il exploite sans cesse alors que des vastes espaces sont ignorés.

Les fouilles ont montré de nombreuses méthodes d’exploitation différentes, preuve qu’il ne s’agit pas d’une population locale mais de gens qui viennent d’un peu partout, « au silex », le d’une minière puis s’en retournent chez eux où les haches seront polies sur du grès.

À Spiennes « Camp à Cayaux », des minières descendent à 16 m pour enlever des dalles de silex dans des galeries de moins de 1 m de haut.

Tout le site a été classé au patrimoine mondial par l’Unesco en 2000 et le groupe de minières fouillées par la Société de Recherche préhistorique en Hainaut de 1953 à 2005.

Au troisième millénaire avant notre ère, les Néolithiques plus nombreux, dressent des menhirs (Pierre qui tourne de Boutonville) et enterrent leurs morts sous des dolmens, chambres de pierres couvertes d’un tertre, comme à Sivry ou Wéris.

Notre fête de Noël, au solstice d’hiver, est une fête solaire néolithique christianisée et parvenue ainsi jusqu’à nous avec son arbre de lumière scandinave, décoré de pommes devenues boules, son gui, toujours vert, son houx, sa bûche devenue gâteau….

Peu de périodes de notre évolution ont eu autant d’importance que le néolithique pour la survie de l’espèce. Les âges des métaux qui vont suivre vont voir l’homme conscient de sa puissance, se donner des chefs, accentuer sa pression sur la nature et se lancer, hélas dans des guerres de plus en plus meurtrières.


Résumé rédigé par Claude Robert


 

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