Les rites funéraires à travers les siècles – Première partie 1



Compte rendu de la conférence donnée le 18 mars 2015 par André Colonval


1.1 Introduction

1.1.1 La population mondiale

Le nombre d’individus vivants augmente sans cesse et de plus en plus vite depuis environ quatre siècles. Voici 2000 ans, il y avait 250 millions d’habitants sur la terre. La population a longtemps plus ou moins stagné, mais à partir de 1927, l’augmentation est constante pour atteindre actuellement les sept milliards d’êtres humains sur terre.

1.1.2 La mort : ses interprétations et ses représentations

Le conférencier nous propose quelques réflexions sur la mort, sa signification et sa perception dans le temps, l’espace et les croyances philosophiques (séparation de l’âme et du corps – aucun mystère métaphysique (athées) – différence entre l’homme et l’animal : seul l’homme se préoccupe de sa dépouille – angoisse face à la mort des autres – position épicurienne : inutilité de la crainte de la mort – caractère inéluctable – rêve d’immortalité, etc.) À travers quelques documents iconographiques, le conférencier nous montre les représentations diverses de la mort (faux, squelettes, etc.) [Figure 1.1]

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Figure 1.1 La «grande Faucheuse»

1.2 La période contemporaine

L’espérance de vie

En 2013 : 79 ans chez l’homme, 85 chez la femme. L’écart entre les deux se réduit.

Les causes de la mort des êtres humains

  • les atteintes à la santé :
    • bébés morts-nés, morts infantiles, cas du fœtus qui n’est pas un enfant mais qu’on peut inhumer à certaines conditions, maladies infantiles diverses,
    • les épidémies et pandémies (variole, rougeole, grippe espagnole, peste noire, sida, autres pestes, typhus, choléra, grippe asiatique),
    • la lèpre – concentration des lépreux dans les maladreries où ils sont considérés comme socialement morts. Les maladreries étaient des établissements charitables destinés à lutter contre la contagion. Construites aux 12e et 13e siècles, elles seront vendues comme fermes au 18e siècle. Il est ensuite question de la maladrerie à Nismes et de sa chapelle st Roch. Le conférencier cite encore d’autres maladreries : Chimay, Walcourt, St-Aubin, l’Hospiteau à Fagnolle (voir documents projetés).
    • Citons encore le paludisme, la fièvre d’Ébola, le cancer et les maladies cardio-vasculaires ;
  • les catastrophes naturelles (météorologiques, climatiques, géologiques etc.) ;
  • les conflits armés, les génocides, les suicides, les homicides, les attentats, l’euthanasie, les addictions, les accidents divers, les incendies, explosions et avalanches ;
  • le problème de l’euthanasie (5 euthanasies par jour dans notre pays).

Crémation ou enterrement ?

L’incinération a de nos jours la cote. Pourquoi ? Principalement à cause de l’évolution des mentalités. Autres raisons : reconnaissance par l’église, gain d’argent surtout dans le cas d’une incinération avec dispersion des cendres.

1.2.2.1 Évolution au 21e siècle concernant la destination des corps

  • La crémation est en augmentation.
  • Les dons d’organes sont plus fréquents.
  • La thanatopraxie se développe.
  • Nouvelle règlementation des cimetières, obligation d’entretien des tombes sinon c’est l’évacuation des sépultures et placement dans un ossuaire.

1.2.2.2 Christianisation et crémation

  • cohabitation de la crémation et de l’incinération dans les premiers temps chrétiens ;
  • radicalisation : la crémation est interdite jusqu’au 19e siècle.
  • 1963 : tolérance de la crémation si célébration des funérailles préalable à l’église.

1.2.2.3 Rites funéraires et religions

  • rite catholique : veillée funéraire, visites, messe et cérémonie d’inhumation ;
  • rite protestant : pas de veillée, cérémonie au temple puis au cimetière ;
  • rite orthodoxe : rites funéraires et messe à l’église, corps tourné vers l’Orient, présence d’une icône ;
  • rite juif : veillée funéraire avec prières, le défunt n’est jamais seul, crémation interdite, cérémonie au cimetière uniquement, concessions perpétuelles (pas d’exhumation), deuil pendant 30 jours ;
  • rite musulman : toilette purificatrice, crémation interdite, enfouissement du corps à même la terre en présence d’hommes uniquement ;
  • rite bouddhiste : lecture du livre des morts, offrande au bonze ;
  • rite athée : fréquence de la crémation. Une nouveauté : la promession, procédé qui consiste à transformer le corps en poussière par la plongée dans l’azote liquide.

1.2.2.4 Cimetières

  • préhistoire : nécropoles et tumuli ;
  • Gaule romaine : en dehors des villes ;
  • 10e siècle et suivants : cimetière entourant l’église ;
  • inhumation des hauts dignitaires ecclésiastiques et laïques dans les églises étendues au bourgeois au 13e siècle ;
  • 18e siècle déplacement des cimetières aux abords des villes et villages surtout pour raison d’hygiène ;
  • 19e siècle : système des concessions.
Il sera ensuite question du cimetière de Froidchapelle avec les tombes en pierre bleue de 1923 à 1948, des croix de fonte, des tombes en granit d’origine chinoise (années 60) et le quartier des petits enfants, etc. Puis de celui de Chimay avec le Mausolée d’Alphonse de Chimay à préserver, etc. [Figure 1.2, Figure 1.3, Figure 1.4]

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Figure 1.2 Une sépulture particulière au cimetière de Fagnolle

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Figure 1.3 Mausolée d’Alphonse de Chimay, à préserver

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Figure 1.4 Croix en fonte

1.3 Rites funéraires du 18e au milieu du 20e siècle

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(a) Début du cortège funèbre d’un défunt qui ne possède pas de caveau : la porteuse de cierge bénit, suivant le porteur de la croix qui sera plantée sur la tombe; à l’extrème droite, le «prieur».

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(b) Enterrement d’un défunt qui possède un caveau. Un garçonnet porte le crucifix avec noeud de crêpe ; à sa gauche, le «prieur» ; derrière lui, le bedeau portant la croix dite «processionnelle», puis les chantres et le clergé.
Figure 1.5 Mouscron, vers 1950 [Archives du musée]
  • la veillée funèbre, par des hommes le plus souvent jouant aux cartes et buvant dans une pièce attenante ;
  • l’annonce du décès par le prieur qui va de porte en porte inviter les habitants aux funérailles ;
  • la sonnerie du glas entre 11h30 et 12h ;
  • les placards mortuaires encadrés d’ornements gravés dans le bois et placés à différents endroits ;
  • les porteurs de morts avant l’emploi du corbillard au début du 20e siècle : ils étaient au nombre de six choisis parmi les proches ou par des professionnels ;
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  • les manteaux de deuil Jusqu’à la fin du 19e siècle, les hommes revêtaient un manteau spécial, sorte de pèlerines munies d’un col, au-dessus du sarrau. Les femmes plaçaient sur leur tête un grand morceau de drap noir au moment d’entrer dans l’église ;
  • le cortège funèbre avec en tête la croix processionnelle portée par le bedeau accompagné de deux enfants de chœur. Viennent ensuite les prêtres, puis les personnes tenant les cordons du poêle. La grande croix de 2,50 m fait partie du cortège, portée par un jeune homme accompagnant le prieur. Portant les indications du défunt, elle sera plantée sur la tombe ;
  • le deuil : un an et six semaines pour les parents ou les enfants, deux pour les époux, six mois pour les frères et sœurs, etc. ; ces règles ont disparu ;
  • la Toussaint, avec d’abord des bougies sur les tombes, puis des fleurs.
(Compte-rendu rédigé par Léon Fassiaux, d’après les notes prêtées par M. Colonval.)

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