Les tireurs de terre, les potiers et les briquetiers
Compte rendu de la conférence donnée le 11 février 2015 par Christian Constant
- à Baileux aux « Blanches terres » et à la « sangsulière » jusque vers 1940
- à Bourlers au «Trieu Jean de France» et près du Longchamp jusque fin des années 1960 ;
- et à Forges à « La Poterie » jusqu’au début des années 1960.
1.1 Les tireurs de terre
À Baileux
Des statistiques envoyées à l’Administration des Mines à Charleroi nous renseignent sur la profondeur des galeries (12 à 30 m) et sur le nombre d’exploitations (6 en 1879, 12 en 1885 – 34 ouvriers).
Quelques tireurs de terre spécialisés venaient de la région d’Andenne : les Hemblenne, Boinon, Debut, …, Canivet, et Vital Riez dont la famille venait de Naast. Ces entrepreneurs occupaient leur famille et quelques ouvriers.
L’extraction faisait l’objet d’un contrat passé entre le propriétaire et l’exploitant.
Procédé d’extraction (témoignage de Vital Riez) [Figure 1.2] :
- creusement d’un puits (bure) de 1,5 m de diamètre,
- enfoncement à la pioche,
- remontée des déblais et du sable dans des caissons à l’aide d’un treuil,
- au fond des « bures » partent des galeries (1,80 m de large et de haut) étançonnées par du bois;
- les blocs de terre plastique (4,5 – 0,3 – 0,2 épaisseur), coupés à la truelle et détachés à la pioche, sont amenés à la brouette au fond des puits;
- éclairage des galeries à l’huile de colza,
- présence de puits d’aérage en cas de trop longues galeries,
- descente et remontée des hommes à l’aide du treuil,
- en cas d’infiltrations d’eau, utilisation de pompes manœuvrées à bras d’homme ou évacuation des eaux par pompes, treuils ou machines à vapeur
.
À Bourlers:
Selon Dony, Bourlers fournissait surtout la terre à grès et, à partir de 1880, la terre blanche est utilisée pour la céramique.
Les archives communales nous fournissent, à travers les autorisations délivrées par le conseil, les noms de divers exploitants : J.-B. Lange, Louis Henrard, Constant Leclercq, Donat Maufroid, Leurquin Arthur, Louis Maufroid, etc.
1.2 La Poterie à Forges
1.3 La Poterie à Bourlers
- Mais quel type de poterie fabriquait-on ? À Bourlers, la production était orientée vers les aspects culinaire et utilitaire. Une photo de la collection de Jean-Paul Baudart [Figure 1.3] (poteries fabriquées par Constant Leclercq, un de ses ancêtres) nous renseigne énormément sur l’usage de ces poteries. Citons pêle-mêle : pots à bière, services à café, lèche-frites, casseroles, suspensions pour fleurs, pots à tabac, tirelires. Mettons en évidence deux objets curieux : le « panier à anse » pour porter du pain baignant dans la bière et la « canlette » pour faire bouillir le lait sans qu’il puisse sortir du récipient.
- L’art du potier consiste en la transformation de l’argile en objets usuels. La cuisson est aussi très délicate et elle assure le vernissage, la beauté et la solidité (pour vernir, on jetait du sel marin dans le four par des ouvertures pratiquées dans la voûte.)
La profession de potier, trop artisanale, a disparu au début du 20e siècle, victime de la concurrence de nouveaux matériaux. Sur le plan artistique, deux dames ont perpétué la tradition. Jeanne-Marie André à Bourlers et Marie-Jo Cuche encore en activité à Forges et au centre occupationnel de la Boulaie à Chimay.
1.4 Vente de la production
1.5 Voies de communication – Moyens de transport
- par exemple Forges, avec déplacement du centre du village et création de deux nouveaux chemins vers la gare du tram.
- À, Bourlers, en 1852 on projette la création d’une route vers la Gruerie et on décide la construction de l’actuelle route Bourlers-Chimay qui sera terminée en 1869. En 1872 débute la construction de la route Bourlers, Forges, Momignies. En 1906, on élargit la rue de Baileux.
- Surtout, la création du chemin de fer vicinal permet à nos villages de rompre l’isolement. C’est la ligne Chimay-Bourlers-Forges (1903) – Cul-des-Sarts – Couvin (1904). Les industriels investiront à condition de créer une double voie de Chimay à Forges (la voie à grande section (1,435 m) encadrait la voie du tram (1,0 m)) permettant le passage des wagons du chemin de fer national. Ainsi, les usines Maufroid et Poulet (Forges) disposeront de terminaux ferrés !
1.6 La Fabrique Lange
En 1819, Jean-Baptiste Lange est autorisé à extraire des terres plastiques et du sable sur les aisements. Son fils Pierre fera construire l’atelier de production en bordure du nouveau chemin de Bourlers à Chimay, à l’emplacement de l’actuel bâtiment de la Poste (1867-1870). C’est une fabrique de produits réfractaires [Figure 1.4] située au lieu-dit « La Moinerie» où fut établie une ancienne ferme érigée par les moines de l’Abbaye de St Michel. J.-B. Lange fait construire en 1882 une très belle demeure adossée à un bâtiment agricole (rue des Juifs – Maison Gravy).